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Attaque jihadiste au Burkina : l'enquête se poursuit pour lever les zones d'ombre


Un policier devant l'hôtel Splendid à Ouagadougou (AP Photo/Sunday Alamba)
Un policier devant l'hôtel Splendid à Ouagadougou (AP Photo/Sunday Alamba)

L'enquête se poursuivait lundi au Burkina Faso pour déterminer les circonstances précises de l'assaut jihadiste qui a fait 30 morts à Ouagadougou, où l'armée s'est déployée après cette attaque d'une ampleur inédite dans ce petit pays d'Afrique de l'Ouest.

Sur le théâtre de l'attaque, des enquêteurs, dont certains en blouse blanche, ont poursuivi leur travail de collecte d'informations. Dix-huit enquêteurs français, dont des magistrats et des membres de la police scientifique, étaient sur place pour épauler les Burkinabé.

Selon deux bilans divergents communiqués par les autorités du Burkina Faso, 14 ou 15 étrangers, dont un enfant de neuf ans, et sept ou huit Burkinabè figurent parmi les personnes tuées dans le raid qui a frappé vendredi soir plusieurs hôtels et restaurants de Ouagadougou.

Le bilan, qui était auparavant de 29 morts, est passé à 30 morts après l'annonce du décès d'une photographe franco-marocaine, Leïla Alaoui, grièvement atteinte lors de l'attaque.

La jeune femme est décédée lundi soir des suites de ses blessures dans une clinique de Ouagadougou, a indiqué l'agence de presse marocaine MAP, citant l'ambassade du Maroc au Burkina Faso.

Avant cette annonce, la procureure Maïza Sérémé avait déclaré à l'AFP que 25 personnes décédées sur 29 avaient été identifiées, après l'identification de trois corps lundi.

"Trois nouveaux corps ont été identifiés. On passe donc de quatre à six Canadiens tués et de sept à huit Burkinabè tués", avait déclaré la procureure.

Après ce raid meurtrier, les mesures de sécurité ont été renforcées dans la capitale avec une surveillance accrue des hôtels et de plusieurs points stratégiques. Des barrages ont été installés aux entrées et sorties des principales villes du pays, selon une source sécuritaire.

L'ambassadeur de France au Burkina Faso, Gilles Thibault, a affirmé lundi lors d'une conférence de presse que la sécurité avait été renforcée autour des sites français. "Il n'est pas raisonnable de penser que d'autres attaques ne pourraient pas se passer", a-t-il précisé.

Le lycée français de Ouagadougou a notamment été fermé en attendant une sécurisation plus importante.

- 'Vraie barbarie'-

L'attaque a été revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), qui l'a attribuée au groupe Al-Mourabitoune du chef jihadiste Mokhtar Belmokhtar, rallié à Aqmi, selon SITE, une organisation américaine qui surveille les sites internet islamistes.

Les corps de trois jihadistes ont été retrouvés mais n'ont pas encore été identifiés, selon le ministre de l'Intérieur Simon Compaoré.

Aqmi a publié les photos de trois membres du commando, âgés tout au plus de 25 ans, en les qualifiant d'"al-Ansari", vocable utilisé pour désigner des combattants autochtones dans la terminologie jihadiste.

De nombreux témoignages ont cependant fait état de plus de trois assaillants.

Avant de passer à l'attaque, les jihadistes ont prié dans une mosquée près de l'hôtel, selon le ministère de l'Intérieur. La police burkinabé cherche à établir si les jihadistes ont bénéficié de complicités.

"Une vingtaines de personnes ont été arrêtées depuis hier (dimanche) dans le cadre de l'enquête. Certains ont été relâchés, d'autres sont encore en train d'être entendus", a déclaré une source proche du dossier sous couvert de l'anonymat.

Selon cette source, "il y a certainement une cellule dormante basée à Ouagadougou qui les a aidés (les jihadistes) dans cette opération".

Selon une source sécuritaire, des opérations de police ont eu lieu dans le quartier musulman Hamdalaye dans l'ouest de Ouagadougou.

"C'est de la vraie barbarie. Qu'est-ce qui peut conduire à une telle haine ? C'est inimaginable", a commenté lundi en découvrant le lieu de l'attaque le président béninois Thomas Boni Yayi, venu témoigner de la solidarité de l'Afrique de l'Ouest.

- 'Guerre asymétrique' -

"Ce n'est pas le Burkina seul qui a été frappé. C'est toute une sous-région (...) La question, aujourd'hui, c'est à qui le tour?", a-t-il déclaré.

Le président burkinabé, Roch Marc Christian Kaboré, a réitéré sa volonté que les pays de la région travaillent ensemble. "Nous devons mutualiser nos moyens d'information et militaires", a-t-il dit.

"Nous sommes dans une guerre asymétrique. et il faut que nous puissions former notre armée à ce nouveau type de combat", a-t-il conclu.

Côté français, une source militaire et l'ambassadeur ont confirmé que les forces spéciales françaises étaient intervenues à l'appel du Burkina.

Avec AFP

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