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Le Brésil s'achemine vers un 2e tour tendu en perspective après le raz de marée Bolsonaro


Jair Bolsonaro à Rio de Janeiro, le 7 octobre 2018
Jair Bolsonaro à Rio de Janeiro, le 7 octobre 2018

Au lendemain du premier tour de la présidentielle qui a placé le candidat d'extrême droite Jair Bolsonaro en position de force, le Brésil se préparait lundi à trois semaines mouvementées avant un duel qui s'annonce incertain avec le poulain de Lula.

Le député nostalgique de la dictature militaire et coutumier des dérapages racistes et homophobes s'est largement qualifié dimanche avec 46% des suffrages, obtenant près de 50 millions de voix.

Un gros score salué par les marchés : en milieu d'après-midi, l'indice Ibovespa de la Bourse de Sao Paulo avait bondi de plus de 4% et le réal brésilien, en fort recul ces derniers mois, était coté à 3,75 réais pour un dollar, contre 4,20 il y a deux semaines.

La nette victoire du candidat d'extrême droite s'est assortie d'un raz de marée au Congrès. Sa formation, le Parti social libéral, auparavant insignifiante, a multiplié par six le nombre de ses députés à l'issue de l'élection législative, qui a également eu lieu dimanche.

Une performance à la mesure du phénomène électoral que Bolsonaro est devenu ces dernières semaines après avoir été victime d'un attentat à l'arme blanche qui a failli lui coûter la vie.

L'ancien parachutiste de l'armée n'a toutefois pas été élu président au premier tour comme il l'espérait.

Il se retrouvera le 28 octobre face au successeur de l'ex-président incarcéré Luiz Inacio Lula da Silva, Fernando Haddad (29%), du Parti des travailleurs (PT, gauche), dans un duel tendu et symptomatique de l'extrême polarisation que cette campagne a mise au jour.

- "Vague conservatrice" -

Les deux candidats ont fait la course en tête dans les sondages ces dernières semaines en semant leurs 11 concurrents, pour se retrouver dans un face à face des extrêmes.

Mais M. Haddad, qui a obtenu le score le plus bas du PT au premier tour d'une présidentielle depuis 1994, va devoir mettre les bouchées doubles.

"Bolsonaro surfe sur la vague conservatrice", titrait lundi en une le quotidien économique Valor, rappelant que le nombre de députés du PSL est passé de 8 à 52, sur 513 au total. Le parti sera aussi représenté à la chambre haute, avec 4 sénateurs sur 81, contre aucun actuellement.

Mais pour former sa base parlementaire, il compte surtout sur l'appui de puissants lobbys conservateurs, notamment ceux de l'agro-business et des puissantes Eglises évangéliques.

"La vague Bolsonariste redessine la politique", résume le quotidien O Globo.

Exemple emblématique : Wilson Witzel, soutenu par Bolsonaro dans la dernière ligne droite de la campagne, en passe de devenir gouverneur de Rio de Janeiro.

Les sondages ne le créditaient que de 17% des intentions de vote, mais il est arrivé largement en tête du premier tour, avec 46% des suffrages, reléguant la légende du foot Romario en quatrième position.

- Séduire le centre -

Pour le second tour de la présidentielle, Jair Bolsonaro et Fernando Haddad devraient essayer d'être plus consensuels en nouant des alliances vers le centre, très convoité. Dans sa campagne, "Haddad a beaucoup oublié le centre", dit André César, des consultants Hold à Brasilia.

Lundi, le candidat de gauche a tenté de rectifier le tir en tendant notamment la main à Ciro Gomes (centre gauche), arrivé en troisième position du premier tour, avec 12,5% des suffrages.

"Nous allons parler avec toutes les forces démocratiques du pays", a-t-il affirmé en sortant de sa visite hebdomadaire à son mentor Lula dans la prison ou l'ex-président purge une peine de 12 ans et un mois pour corruption.

"J'ai parlé au téléphone hier avec Ciro et nous sommes totalement disposés à ajuster des points de notre programme pour qu'il soit plus représentatif de l'alliance démocratique que nous souhaitons nouer", a ajouté le candidat du PT.

Jair Bolsonaro, lui, a promis sur Facebook de "mettre la politique au service des Brésiliens et non plus les Brésiliens au service des hommes politiques".

Pour Fernando Meireiles, politologue à l'Université fédérale de Minas Gerais, "la possibilité que Bolsonaro gagne paraît la plus forte actuellement". "Il me semble difficile que Haddad l'emporte, mais ce n'est pas impossible", dit-il toutefois.

"Pour Bolsonaro, il est primordial d'éviter tout type d'erreur. Il doit garder un profil bas", ajoute-t-il.

Avec AFP

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