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Bombardement au Nigeria: nouveau bilan de 90 morts, pourrait atteindre les 170


Des déplacés dans un camp bombardé par erreur par l'armée nigériane, à Rann, Nigeria, le 17 janvier 2017
Des déplacés dans un camp bombardé par erreur par l'armée nigériane, à Rann, Nigeria, le 17 janvier 2017

Au moins 90 personnes, en majorité des femmes et des enfants, ont été tuées lorsque l'armée de l'air nigériane a bombardé accidentellement dans le nord-est du pays un camp de déplacés ayant fui les violences de Boko Haram, selon un dernier bilan de MSF qui pourrait atteindre les 170 morts.

"Environ 90 personnes ont été tuées lorsqu'un avion de l'armée nigériane a (...) largué deux bombes au milieu de la ville de Rann, qui accueille des milliers de personnes déplacées", a indiqué l'organisation non gouvernementale Médecins sans frontières dans un communiqué publié vendredi, qualifiant ce bombardement de "choquant et inacceptable".

Ce bilan pourrait encore s'alourdir. Plusieurs "rapports concordants" émanant de résidents et de dirigeants des communautés font état de 170 tués, a expliqué MSF, qui opérait depuis peu dans le camp bombardé de Rann.

"Ce chiffre doit être confirmé. Les victimes de cet épouvantable événement méritent que la lumière soit faite sur ce qui s'est passé et sur les circonstances dans lesquelles cette attaque a eu lieu", a déclaré le directeur général de MSF, Bruno Jochum, dans le communiqué.

"Beaucoup de survivants auront besoin de soins de longue durée et d'un soutien pour l'avenir", a-t-il ajouté.

Mardi, deux bombes ont été larguées successivement, alors que des humanitaires distribuaient de la nourriture à Rann, localité proche du Cameroun où près de 40.000 personnes ont trouvé refuge après avoir fui les violences du groupe islamiste nigérian Boko Haram.

"La population continue de payer le prix d'un conflit impitoyable, où la guerre entre Boko Haram et l'armée nigériane méconnaît trop souvent la sécurité des civils", a déploré M. Jochum.

- Chaos -

Le Nigeria a ouvert une enquête jeudi pour déterminer les circonstances de ce bombardement accidentel.

Une liste de 20 témoins a déjà été établie, et le comité, composé de hauts responsables militaires, devra présenter son rapport au plus tard le 2 février, a indiqué l'armée dans un communiqué. Aucun journaliste n'a été autorisé à se rendre sur les lieux.

Un membre des milices d'auto-protection de Rann a rapporté à l'AFP qu'un convoi de combattants de Boko Haram a profité du chaos provoqué par le bombardement pour ensuite mener un raid sur la ville mardi soir, en pick-up et motos. "Ils ont envahi la ville" avec des armes lourdes, a rapporté ce témoin, sous couvert d'anonymat.

"Nous leur avons tenu tête, avec l'aide des forces de sécurité. 15 membres de Boko Haram ont été tués", a-t-il précisé.

Une source policière dans la ville proche de Gamboru-Ngala a confirmé l'attaque, faisant état, de son côté, de 14 combattants abattus. Tous deux s'accordent sur le fait que le groupe s'est retranché dans la zone, après avoir été chassé par l'armée de son fief, la forêt de Sambisa.

L'armée nigériane mène une guerre quasiment à huis clos contre Boko Haram.

Une étude de recensement des victimes du conflit, menée par Johns Hopkins School of Advanced International Studies, estime que le nombre de civils tués par ce groupe jihadiste est de 13.112 entre 2009 et 2016. L'armée nigériane serait également responsable de la mort de 10.360 personnes, hors combattants.

Le conflit a fait 2.6 millions de déplacés à travers le Nigeria et dans les pays de la zone.

Jusqu'à très récemment, les agences d'aide locales et internationales n'avaient pu se rendre à Rann en raison notamment des mauvaises routes et de l'insécurité, bien que les populations de cette zone manquent de tout, et principalement de nourriture.

Avec AFP

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