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Barrage sur le Nil: l'Ethiopie souhaite limiter le rôle des observateurs


Seleshi Bekele, ministre éthiopien de l'eau, de l'irrigation et de l'énergie lors d'une conférence de presse sur l'état actuel de la construction du barrage du Grand Nil à Addis-Abeba, Éthiopie, le 18 septembre 2019. (Photo: REUTERS / Tiksa Negeri)
Seleshi Bekele, ministre éthiopien de l'eau, de l'irrigation et de l'énergie lors d'une conférence de presse sur l'état actuel de la construction du barrage du Grand Nil à Addis-Abeba, Éthiopie, le 18 septembre 2019. (Photo: REUTERS / Tiksa Negeri)

L’Éthiopie veut limiter le rôle des observateurs dans les négociations relatives à son méga-barrage de la Grande Renaissance, après la tentative des États-Unis de s'impliquer un peu plus en février dans un accord sur les règles du remplissage et d’exploitation du barrage.

Le ministre éthiopien de l'Eau, Seleshi Bekele, a déclaré jeudi via un média officiel que les parties tierces ne devraient pas "aller au-delà de l'observation des négociations et du partage de bonnes pratiques". Un reproche diplomatique à l'endroit des États-Unis qui, aux yeux d'Addis Abeba, ont tenté d'imposer un accord en début d'année.

Il a également critiqué l'initiative de l’Égypte d'envoyer en mai une lettre au Conseil de sécurité de l'ONU, détaillant ses griefs contre le barrage. Une tentative visant à "exercer de la pression diplomatique", a-t-il dit.

Appelée à devenir la plus grande installation hydroélectrique d'Afrique, cette infrastructure que l’Éthiopie construit sur le Nil Bleu --qui rejoint au Soudan le Nil Blanc pour former le Nil-- est une source de fortes tensions entre Addis Abeba et Le Caire depuis 2011.

L’Éthiopie voit cet ouvrage comme essentiel à son électrification et à son développement, tandis que le Soudan et l'Égypte craignent qu'il ne restreigne leur accès à l'eau lorsque le réservoir commencera à être rempli.

Après neuf années de blocage dans les négociations, les États-Unis et la Banque mondiale parrainent depuis novembre 2019 des discussions visant à trouver un accord entre les trois pays.

Mais le processus a échoué après que les États-Unis ont poussé à la signature d'un accord considéré par l’Égypte comme "juste et équitable", ce qui avait suscité le courroux de l’Éthiopie, accusant Washington d'être "non-diplomatique".

Mardi, les trois pays ont repris leurs discussions via visioconférence, en présence d'observateurs des États-Unis, de l'Union européenne et d'Afrique du Sud.

Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a déclaré lundi aux députés que son pays allait comme prévu commencer à remplir le réservoir du barrage en juillet, renforçant ainsi l'urgence de ces négociations.

Pour William Davison, de l'International Crisis Group, une organisation de prévention des conflits, il est "plus nécessaire que jamais de faire des concessions afin qu'un accord puisse être trouvé pour limiter des tensions potentiellement dangereuses".

Une solution pourrait par exemple se dessiner selon lui si l’Éthiopie "propose un programme détaillé de gestion de la sécheresse qui prenne en compte les inquiétudes de l’Égypte et du Soudan, mais qui ne contraigne pas le potentiel du barrage de manière inacceptable".

Selon l'UE, la reprise des discussions est "une opportunité importante de rétablir la confiance entre les parties, d'avancer sur la base des progrès effectués et de trouver un accord qui offre à tous une solution bénéfique", a déclaré la porte-parole de l'UE Virginie Battu-Henriksson.

"En cette période de crise mondiale, il est important d'apaiser les tensions et de trouver des solutions pragmatiques", a-t-elle dit.

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