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Au Soudan, tirs de lacrymogènes sur des milliers de manifestants


Des gens scandent des slogans et brûlent des pneus lors d'une manifestation pour dénoncer le coup d'État militaire d'octobre 2021, à Khartoum, au Soudan, le 4 janvier 2022.
Des gens scandent des slogans et brûlent des pneus lors d'une manifestation pour dénoncer le coup d'État militaire d'octobre 2021, à Khartoum, au Soudan, le 4 janvier 2022.

Le Soudan vit lundi une nouvelle journée de violence: les troupes qui ont sorti les armes lourdes, tirent des grenades lacrymogènes contre des milliers de manifestants hostiles au pouvoir militaire qui se dirigent vers le palais présidentiel.

Les partisans d'un pouvoir civil dans un pays sorti en 2019 de trois décennies de dictature militaro-islamiste ont de nouveau mobilisé lundi, bravant les forces de sécurité déployées en masse dans la capitale et qui, pour la première fois, ont sorti leurs armes lourdes.

Au-dessus de leurs véhicules, des armes lourdes et des mitrailleuses à gros calibres étaient visibles, a constaté un journaliste de l'AFP, alors que la répression a déjà fait 64 morts dans les rangs des manifestants.

Si les forces de sécurité quadrillent Khartoum et ses banlieues, en revanche et pour la première fois, elles ne bloquent pas l'ensemble des ponts reliant la capitale soudanaise à ses banlieues sur l'autre rive du Nil.

Dans l'une d'elle, Omdourman, des manifestants brûlaient des pneus et dressaient des barricades pour couper des routes, a rapporté à l'AFP un témoin, Sawssane Salah.

Depuis que le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l'armée, a mené le 25 octobre un coup d'Etat, le pays ne cesse de s'enfoncer dans la violence.

Un général de police a été poignardé à mort lors de récentes manifestations, tandis que les forces de sécurité tirent, parfois à balles réelles, sur les manifestants et vont jusqu'à attaquer des blessés et des médecins dans les hôpitaux, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

"Que des civils"

Et la mobilisation ne se cantonne pas à la capitale dans ce pays de 45 millions d'habitants, l'un des plus grands d'Afrique.

A Madani, par exemple, à 200 kilomètres au sud de Khartoum, "environ 2.000 manifestants défilent au cris de 'on ne veut que des civils au pouvoir'", a rapporté à l'AFP un témoin, Imed Mohammed.

Car le 25 octobre, le général Burhane a fait arrêter la plupart des civils qui partageaient le pouvoir avec lui et son armée. Ils ont été libérés mais le pays n'a toujours ni Parlement depuis la chute en 2019 du dictateur Omar el-Béchir ni gouvernement depuis le putsch. Le général Burhane, qui s'est entouré de généraux et de civils sans passé militant, est donc de facto seul aux commandes du pays, l'un des plus pauvres du monde.

Retour sur une journée mouvementée au Soudan
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L'ONU, de son côté, tente d'organiser un dialogue pour relancer une transition vers la démocratie brutalement interrompue le 25 octobre.

Sa mission à Khartoum multiplie les rencontres entre tous les acteurs du pouvoir, de la société civile, et même les associations de femmes ou de jeunes, sans toutefois parvenir à obtenir un accord pour des négociations directes ou indirectes entre tous dans l'immédiat.

L'envoyé spécial des Etats-Unis pour la Corne de l'Afrique David Satterfield et la secrétaire d'Etat adjointe Molly Phee entament, eux, lundi une tournée en Arabie saoudite et au Soudan pour tenter de relancer le dialogue dans un pays où la rue ne cesse de scander: "pas de négociation, pas de partenariat" avec l'armée.

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