Droits humains
Au moins 37 civils tués lors d'un nouveau massacre au Niger

Un nouveau massacre de civils a été perpétré dans l'ouest du Niger proche du Mali par des jihadistes présumés, tuant au moins 37 personnes, ce qui porte à plus de 450 le nombre de morts dans cette région depuis le début de l'année.
Cette tuerie, commise lundi-après-midi, a touché le village de Darey-Daye, déjà visé en mars et situé dans la région de Tillabéri, dans la zone dite des "trois frontières" entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali, théatre de violences jihadistes régulières.
"L'attaque a lieu à Darey-Daye vers 15h00 (14h00 GMT)" lundi "par des hommes armés venus à moto" qui ont tiré "sur des gens en train de cultiver leurs champs", a déclaré à l'AFP un élu local en précisant que "le bilan est lourd: il y a eu 37 morts dont quatre femmes et treize mineurs". Quatre femmes ont également été blessées, a-t-il dit.
Un journaliste de la région a confirmé cette attaque qu'il a décrite "comme très sanglante". "Ils ont trouvé les victimes dans leur champs et ils ont tiré sur tout ce qui bougeait", a-t-il affirmé.
Le village visé est situé à 40 km à l'est de la ville de Banibangou, chef-lieu du département du même nom.
Le 15 mars, des jihadistes présumés avaient massacré 66 personnes au total lors d'attaques contre Darey-Daye et contre des véhicules qui rentraient du grand marché hebdomadaire de Banibangou.
Depuis le début de l'année, des jihadistes présumés multiplient les assauts sanglants contre des civils dans le département de Banibangou, une zone enclavée dans le nord-est de la région de Tillabéri.
Cette région est depuis plusieurs années le théatre d'actions sanglantes de groupes jihadistes liés à Al Qaïda et à l'Etat islamique (EI) commises contre des civils et des militaires.
Depuis le début de la saison des pluies en juin, les attaques visent surtout des civils travaillant dans les champs.
Le 9 août, "des individus armés" avaient attaqué "des populations travaillant dans un champs" du village de Falanzandan, dans le même département de Banibangou, tuant 15 personnes et en blessant deux autres, selon le ministère nigérien de l'Intérieur.
"Guerre contre la population"
Le 25 juillet, 14 civils avaient été tués dans le village de Wiyé, et trois jours plus tard, le 28 juillet, 19 personnes avaient été massacrées dans le village de Dèye Koukou, toujours dans ce département de Banibangou, selon les autorités.
Comme lors de l'attaque de lundi, les assaillants étaient venus à moto et certaines victimes avaient été froidement abattues, selon des témoins.
Human Rights Watch (HRW) avait estimé la semaine dernière à plus de 420 le nombre de civils tués depuis le début de l'année dans l'ouest du Niger dans des attaques menées par des groupes jihadistes, qui ont également contraint des dizaines de milliers de personnes à fuir de chez eux.
"Des groupes islamistes armés semblent mener une guerre contre la population civile dans l’ouest du Niger. Ils ont tué, pillé et brûlé, semant dans leur sillage mort et destruction et brisant des vies", selon Corinne Dufka, directrice chargée du Sahel à HRW.
Parmi les victimes, on compte des chefs de village, des imams, des handicapés et de nombreux enfants, dont "certains ont été exécutés après avoir été arrachés des bras de leurs parents", relevait l'ONG.
Selon des bilans officiels, 307 civils ont été massacrés entre janvier et mars dans l'ouest du Niger: 100 en janvier à Tchoma Bangou et Zaroumadereye, 66 dans les attaques du 15 mars, et 141 le 21 mars dans des localités, hameaux et campements de la région de Tahoua, également proche du Mali.
Les régions de Tillabéri et Tahoua demeurent instables malgré d'importants efforts pour tenter de les sécuriser.
Dans le sud-est, le Niger doit également faire face aux atrocités des jihadistes nigérians de Boko Haram et de l'Etat islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap).
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Le président ougandais appelé à rejeter une loi jugée hostile aux homosexuels
Le Parlement ougandais a ouvert une enquête sur la promotion présumée de l'homosexualité dans les écoles. Les militants LGBTQ disent que cela a provoqué une vague de discrimination et de violence dans le pays.
Le président ougandais appelé à rejeter une loi anti-LGBTQ

L'ONU, l'ONG Amnesty International, Washington et Londres ont demandé mercredi au président ougandais Yoweri Museveni de rejeter une loi contre l'homosexualité adoptée la veille par le Parlement en la critiquant vivement.
Le Parlement ougandais a voté mardi soir, lors d'une séance agitée, une loi prévoyant de lourdes peines pour les personnes entretenant des relations homosexuelles.
Les députés ont considérablement amendé le texte initial qui prévoyait jusqu'à 10 ans de prison pour toute personne se livrant à des actes homosexuels ou se revendiquant comme LGBTQ+, dans un pays où l'homosexualité était déjà illégale. L'étendue des nouvelles peines prévues par la loi n'était pas connue dans l'immédiat.
"Le pire au monde"
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Volker Türk, a appelé mercredi M. Museveni à ne pas promulguer le texte. "Le vote de ce texte discriminatoire probablement le pire au monde en son genre est un développement profondément troublant", a-t-il estimé dans un communiqué.
"Si elle est promulguée par le président, (cette loi) fera des lesbiennes, des homosexuels et des bisexuels, des criminels en Ouganda par le simple fait d'exister . Cela pourrait donner carte blanche à la violation systématique de presque tous leurs droits humains", a-t-il ajouté.
"Cette loi ambiguë, vaguement formulée, criminalise même ceux qui +font la promotion+ de l'homosexualité", a souligné dans un communiqué Tigere Chagutah, le directeur d'Amnesty pour l'Afrique de l'Est et du Sud.
Fox Odoi-Oywelowo, un élu du Mouvement de résistance nationale, le parti du président Museveni, a pris position contre le texte. Le député a dit à l'AFP que selon la version finale de la législation, les contrevenants risquent une peine de prison à vie ou même la peine de mort pour des délits "aggravés".
Amnesty a estimé que M. Museveni devait "urgemment mettre un veto à cette loi consternante", ajoutant qu'elle "institutionaliserait la discrimination, la haine et les préjugés" contre la communauté LGBTQ+.
Sida
Dans un tweet, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a aussi dénoncé l'adoption de la loi. "Nous appelons fermement le gouvernement d'Ouganda à reconsidérer la mise en oeuvre de cette loi", a affirmé le secrétaire d'Etat américain. Elle met "en cause les droits fondamentaux de tous les Ougandais" et "pourrait affecter la lutte contre le sida", a-t-il ajouté.
Le ministre britannique chargé de l'Afrique, Andrew Mitchell, s'est aussi dit "profondément déçu" de l'adoption du projet, l'envoyé spécial du Premier ministre Rishi Sunak pour les droits des LGBTQ, Nicholas Herbert, avertissant du risque de voir augmenter "la discrimination et la persécution des personnes en Ouganda".
"Alors que de nombreux pays, dont un certain nombre sur le continent africain, s'orientent vers la dépénalisation, il s'agit d'un pas profondément troublant dans la direction opposée", a déclaré Nicholas Herbert sur Twitter.
Les débats au Parlement ont été émaillés de paroles homophobes, M. Museveni lui-même ayant fait référence la semaine dernière aux homosexuels comme à des personnes "déviantes". Toutefois, le dirigeant de 78 ans a souvent estimé que le sujet n'était pas une priorité à ses yeux et qu'il préférait conserver de bonnes relations avec ses donateurs occidentaux et les investisseurs.
L'Ouganda a une stricte législation anti-homosexualité un héritage des lois coloniales mais depuis l'indépendance du Royaume-Uni en 1962, il n'y a eu aucune poursuite pour des actes homosexuels consentis. L'intolérance à l'homosexualité est courante en Ouganda où l'adoption du texte a été saluée par certains.
"Nous sommes très heureux comme citoyens de l'Ouganda. Culturellement nous n'acceptons pas... l'homosexualité, le lesbianisme, les LGBTQ. Nous ne pouvons pas", a dit à l'AFP Abdu Mukasa, un habitant de 54 ans. "Nous avons été créés par Dieu. Dieu a créé l'homme et la femme. Et on ne peut accepter qu'un sexe aille avec le même sexe", a-t-il ajouté. En 2014, un tribunal ougandais avait bloqué un projet de loi, approuvé par les députés et signé par le président Museveni, pour punir les relations homosexuelles de prison à vie.
Ce texte avait suscité un tollé au-delà des frontières ougandaises, certains pays riches ayant suspendu leur aide après sa présentation au parlement. La semaine dernière, la police a annoncé l'arrestation de six hommes pour "pratique de l'homosexualité" à Jinja (sud). Six autres hommes ont été interpellés sur la même accusation dimanche, selon la police.
Tigré: pour l'ONU, l'accord de paix ne doit pas empêcher d'enquêter sur les crimes

L'accord de paix ayant mis fin à deux ans de brutal conflit dans la région éthiopienne du Tigré ne doit pas empêcher d'enquêter sur les crimes de guerre et contre l'humanité, a affirmé mardi la Commission d'enquête de l'ONU.
La signature le 2 novembre 2022 à Pretoria de l'accord de paix mettant fin au conflit entre le gouvernement fédéral éthiopien et les autorités régionales du Tigré en dissidence "est une étape importante", a déclaré le président de ce groupe d'enquêteurs, Mohamed Chande Othman, devant le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU à Genève.
Mais "la nécessité d'enquêter sur les allégations de violations, tant avant que depuis l'accord de paix, reste plus importante que jamais pour instaurer une paix durable dans le plein respect des droits humains", a-t-il souligné.
En septembre dernier, la Commission avait affirmé avoir "des motifs raisonnables de croire que toutes les parties au conflit" forces éthiopiennes et érythréennes comme forces rebelles "ont commis des crimes de guerre et des violations des droits humains depuis que les combats ont éclaté en novembre 2020", a rappelé son président.
La Commission avait par ailleurs également évoqué des crimes contre l'humanité commis par les forces éthiopiennes et érythréennes. Le groupe d'enquêteurs de l'ONU a été établi pour un an le 17 décembre 2021, pour enquêter de manière approfondie et indépendante sur les accusations de violations répétées des droits humains commises en Ethiopie depuis le début du conflit dans le nord du pays en novembre 2020.
Son mandat a été renouvelé en 2022 jusqu'en septembre 2023. Mais certains observateurs, dont Amnesty International, ont affirmé craindre que l'Ethiopie tente d'y mettre un terme prématurément. Il faudrait pour cela que l'Ethiopie rallie assez de pays pour envisager de lancer un projet de résolution en ce sens début avril, lors du vote des résolutions au Conseil des droits de l'Homme.
Les pays ont jusqu'à jeudi pour déposer des projets de résolution. Mardi, l'ambassadeur éthiopien auprès de l'ONU à Genève, Tsegab Kebebew Daka, a souligné les efforts réalisés par son pays dans le cadre de l'accord de paix, notamment en matière de justice transitionnelle et de désarmement, mais n'a pas indiqué si l'Ethiopie voulait s'attaquer au mandat de la Commission.
Il l'a toutefois mise en garde, l'appelant "à faire très attention, d'ici septembre, date à laquelle elle présentera son rapport final, à ne pas répéter le type d'allégations incendiaires et infondées contenues dans son rapport préliminaire, qui risquent de compromettre l'accord de paix".
La CPI réclame soutien et "persévérance" pour faire la justice sur les crimes commis en Ukraine

La Cour pénale internationale (CPI) a réclamé lundi le soutien et la "persévérance" de la communauté internationale pour l'aider dans ses investigations sur les crimes de guerre présumés commis en Ukraine, trois jours après l'émission d'un mandat d'arrêt contre le président russe Vladimir Poutine.
"Nous avons besoin collectivement de persévérance pour parvenir à rendre la justice", a insisté le procureur de la CPI Karim Khan, en ouvrant une conférence internationale organisée à Londres et réunissant des ministres de la Justice et représentants de plus de 40 Etats en soutien à l'action de la Cour.
La CPI, basée à La Haye, a engagé une enquête sur de possibles crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis dans le cadre de la guerre lancée par Moscou contre l'Ukraine le 24 février 2022, dont sont accusées les forces russes dans l'immense majorité des cas.
Vendredi, elle a émis un mandat d'arrêt contre le président russe Vladimir Poutine et la commissaire russe aux droits des enfants, Maria Lvova-Belova, pour le crime de guerre de "déportation illégale" d'enfants ukrainiens.
M. Khan a qualifié de "triste" et "sombre" cette décision, qui vise pour la première fois le dirigeant d'un des cinq Etats membres permanents du conseil de sécurité de l'ONU. En représailles à la décision de la CPI qu'elle a qualifiée de "nulle et non avenue", la Russie a annoncé lundi l'ouverture d'une "enquête pénale" contre M. Khan et trois autres juges de la Cour.
"Si le bruit est inévitable, nous devrions nous concentrer sur ce qui se passe vraiment et la nécessité d'avoir une enquête indépendante et impartiale", a insisté lundi M. Khan, remerciant les pays présents pour leur soutien, dont le Japon, la Pologne et la France, mais aussi l'Union européenne.
Unis "pour une cause"
Le ministre britannique de la Justice, Dominic Raab, dont le pays a organisé conjointement avec les Pays-Bas cette conférence, s'est félicité de voir "aujourd'hui 42 Nations unies pour une cause, qui est de demander des comptes à la Russie" pour ses actions en Ukraine.
Pour mener ses investigations, la CPI a besoin de moyens financiers et techniques et en décembre dernier, Karim Khan avait appelé la communauté internationale à augmenter son soutien à l'institution. "Nous ne pouvons pas tout faire en même temps. Nous ne disposons pas de ressources illimitées", a-t-il redit lundi matin sur la BBC. "Je veux simplement vous demander de soutenir la CPI avec toutes les ressources nécessaires", a plaidé le ministre ukrainien de la Justice, Denys Maliuska, devant ses homologues.
Plusieurs pays doivent annoncer lundi la mobilisation de moyens supplémentaires pour soutenir l'enquête de la CPI. Londres a déjà annoncé un financement supplémentaire de près de 400.000 livres sterling (452.000 euros), portant son soutien total à un million de livres (1,13 million d'euros) depuis l'an dernier, pour financer le soutien psychologique des témoins et victimes de crimes ou encore le renfort d'experts britanniques auprès de la CPI.
L'Union européenne "a déjà apporté plus de 10 millions d'euros" à la CPI depuis le début de l'invasion russe et "je peux vous assurer que l'Union européenne se tient prête à continuer" son soutien à la Cour, a affirmé le commissaire européen à la Justice, Didier Reynders. Il a aussi rappelé la volonté de l'UE d'amender le traité de Rome, ayant institué la CPI pour permettre à la Cour de juger les "crimes d'agression" commis par la Russie.
Une demande appuyée par le procureur général d'Ukraine, Andriy Kostin pour qui "ces crimes de guerre n'auraient pas été commis si le crime d'agression n'avait pas été commis par Poutine". La CPI n'est compétente que pour les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité perpétrés en Ukraine et non pour les "crimes d'agression" de la Russie, car Moscou et Kiev ne sont pas signataires du traité de Rome instituant la Cour.
Ouganda: six hommes arrêtés pour "pratique homosexuelle"

Six hommes ont été arrêtés en Ouganda pour "pratique homosexuelle", a déclaré vendredi à l'AFP le porte-parole de la police, au lendemain des déclarations du président Yoweri Museveni qualifiant les personnes homosexuelles de "déviantes".
"Grâce à un réseau de renseignement, nous avons arrêté les six hommes pour pratique homosexuelle dans une chambre à Jinja", ville située à environ 80 km à l'est de la capitale Kampala, a déclaré James Mubi, porte-parole de la police.
"Nous avons été informés que tous les six faisaient partie d'un groupe plus large de Jinja se livrant à des activités homosexuelles et nous appelons la population à fournir à la police des informations menant à l'arrestation des autres membres du groupe", a-t-il poursuivi.
Dans une déclaration jeudi, le chef de l'Etat de 78 ans, qui dirige le pays depuis 1986, avait déclaré: "Les homosexuels sont une déviation de la norme". Il avait ajouté que "les pays occidentaux devraient arrêter de faire perdre son temps à l'humanité en tentant d'imposer leurs pratiques aux autres".
Les parlementaires de ce pays d'Afrique de l'Est où l'homosexualité est déjà illégale se préparent à voter un projet de loi, dont a été saisie une commission parlementaire début mars, qui prévoit des sanctions lourdes pour les personnes entretenant des relations homosexuelles.
Ce texte, qui suscite l'opposition d'organisations de défense des droits humains, prévoit jusqu'à dix ans de prison pour toute personne se livrant à des activités homosexuelles ou se revendiquant comme LGBT+. Il doit être discuté au Parlement la semaine prochaine, avec un vote pouvant intervenir dès mardi.
Il survient à un moment où les théories conspirationnistes sur le sujet foisonnent sur les réseaux sociaux, accusant des forces internationales obscures de faire la promotion de l'homosexualité en Ouganda.
L'Ouganda a une stricte législation anti-homosexualité - un héritage des lois coloniales mais depuis l'indépendance du Royaume-Uni en 1962 il n'y a eu aucune poursuite pour des actes homosexuels consentis.
En 2014, la justice ougandaise avait bloqué un projet de loi approuvé par les députés et signé par le président Museveni punissant les relations homosexuelles de la prison à vie. Ce texte avait suscité un tollé au-delà des frontières ougandaises, certains pays riches ayant suspendu leur aide après sa présentation au Parlement.