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Au bout d'une semaine, l'Euro broie du noir


Un supporter russe aperçu sur les gradins lors des affrontements qui ont éclaté au cours du match du groupe B de la phase finale de l’Euro 2016 entre l'Angleterre et la Russie au Stade Vélodrome de Marseille, France, 11 juin 2016. epa/ OLIVER Weiken
Un supporter russe aperçu sur les gradins lors des affrontements qui ont éclaté au cours du match du groupe B de la phase finale de l’Euro 2016 entre l'Angleterre et la Russie au Stade Vélodrome de Marseille, France, 11 juin 2016. epa/ OLIVER Weiken

Scènes de guérilla urbaine entre hooligans dans les rues, fumigènes lancés sur la pelouse, incidents en tribune qui posent la question de la sécurité dans les stades... Une semaine après son coup d'envoi, le bilan est amer pour l'Euro-2016.

Quand la violence est un sport

Cela restera peut-être l'image de cet Euro. Celle d'un Vieux-Port de Marseille jonché de bouteilles de bière, fumant comme un champ de bataille. Celle de supporters, le torse ensanglanté, se frappant à coups de chaises ou de barres de fer dans des scènes de guérilla urbaine que les vrais fans de foot ne pensaient plus voir.

Classé à risque, le choc Angleterre-Russie samedi dernier a tenu toutes ses sombres promesses dans les rues et au Vélodrome.

"On a retrouvé quatre Anglais cachés dans notre cuisine! Gazés, recroquevillés. Les Russes étaient en habits de free fight, portaient des T-shirts de combats en cage, des gants et des cagoules, ils n'avaient pas du tout bu vu comme ils couraient et se battaient", témoigne pour l'AFP Karim Ledun, 24 ans, serveur à la Pizzeria Au Sud.

Les supporters de la Russie, qui organise le prochain Mondial en 2018, sont au centre des accusations. Ce qui a causé quelques tensions diplomatiques entre Moscou et Paris dans la semaine.

Au total, selon le ministère de l'Intérieur, plus de 323 personnes ont été interpellées, 8 condamnés à de la prison ferme et 24 ont fait l'objet d'un arrêté de reconduite à la frontière dont 20 des 43 supporters russes soupçonnés d'avoir participé aux violences à Marseille. Lourd bilan.

La sécurité en question

Mais comment un risque si prévisible comme celui du hooliganisme a-t-il pu provoquer tant de débordements?

Hors des stades, dans les rues, c'est le problème des autorités. Elles ont été critiquées, notamment en Angleterre, pour leur action en marge d'Angleterre - Marseille.

D'abord pour avoir laissé échapper sur le moment les hooligans russes les plus violents. Puis, côté anglais, pour l'intervention jugée sans discernement des forces de l'ordre et l'usage massif des gaz lacrymogènes.

"Si on prend toutes les compétitions européennes et mondiales qui se sont déroulées en Europe depuis 1996, quels sont les principaux incidents? Ceux en marge d'Angleterre - Tunisie (lors du Mondial-1998, NDLR), le gendarme Nivel (agressé par des hooligans allemands lors du Mondial-1998, NDLR) et Angleterre - Russie (samedi dernier). A chaque fois en France, ça devrait nous interpeller", explique à l'AFP Nicolas Hourcade, sociologue français spécialiste des supporters.

Dans les stades, la sécurité est de la responsabilité de l'UEFA. Comment des supporters ont-ils pu pénétrer dans les enceintes avec des fumigènes ou des pétards, alors que la sécurité a été érigée en priorité numéro un en raison de la crainte d'attentats?

Après les Russes et les Anglais, supporters croates et turcs ont à leur tour causé des incidents vendredi lors des matches de leurs sélections contre l'Espagne à Nice et la République tchèque à Saint-Etienne et à l'Espagne.

Des problèmes qui risquent de jeter un discrédit sur la France et Paris, en lice pour l'organisation des jeux Olympiques en 2024.

Peu de spectacle

Contrairement au Mondial-2014 au Brésil qui avait offert un festival offensif et des scores fleuves, dont un mémorable 5-1 des Pays-Bas face aux champions en titre espagnols, l'Euro-2016 a commencé piano pour les buteurs, avec peu de spectacle et beaucoup de scores étriqués.

Les stars annoncées n'ont pas (encore) été au rendez-vous: le Portugais Cristiano Ronaldo, triple Ballon d'Or, les Français Paul Pogba et Antoine Griezmann ou le Suédois Zlatan Ibrahimovic ont globalement déçu, en tout cas jusque-là. Autre déception: l'état de certaines pelouses, dont celle du Vélodrome à Marseille.

Deux exceptions, collective et individuelle, qui en réalité n'en font qu'une: l'Espagne et son virevoltant Andres Iniesta. La "Roja" a remis le jeu au centre des débats en retrouvant son génie offensif vendredi soir face à la Turquie (3-0).

Les hommes de Vicente del Bosque se posent en favoris à leur propre succession et à une troisième couronne européenne consécutive inédite dans l'histoire.

. Des raisons d'espérer?

Le football est le sport-roi, universel, et l'Euro intéresse, envers et contre tout.

Les télévisions européennes ont vu leurs audiences boostées par le tournoi. Ainsi, la télévision publique allemande ARD a réuni la moyenne titanesque de 26,6 millions de téléspectateurs (7 sur 10!) pour le premier match des champions du monde, contre l'Ukraine le 12 juin. Et on n'en est qu'au premier tour.

En France, malgré la peur des attentats, les dix stades font le plein. Et lorsque les hooligans ne gâchent pas le spectacle en tribune, on y voit aussi de belles choses: choc Angleterre-Pays de Galles à la chaude ambiance de Premier League, Suédois déguisés en vikings, marées humaines aux couleurs rouge et jaune de l'Espagne ou verte de l'Irlande.

En revanche, les fan zones -ces vastes espaces réservés aux supporters dans les dix villes hôtes- ne font pas le plein. Depuis des mois, plane la crainte qu'elles soient la cible d'un attentat.

Autre motif de satisfaction pour les organisateurs: même si tout n'a pas commencé sous les meilleurs auspices, entre les poubelles débordant dans les rues de Paris et les trains à l'arrêt, les conflits sociaux qui touchent la France n'ont pas eu d'impact sur l'Euro.

C'était l'une des plus grandes craintes des organisateurs et du gouvernement, qui voulait que l'Euro soit une "belle vitrine de la France".

Avec AFP

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