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Après le départ brutal de Messi, des Argentins perplexes sur le divan


Leo Messi
Leo Messi

En claquant la porte de l'Albiceleste, Lionel Messi a plongé dans un abîme de perplexité les Argentins, soudainement passés des critiques acerbes à l'amour inconditionnel, un revirement pour ce pays tout autant fan de football que de psychanalyse.

Des philosophes, des neurologues et des psychologues ont été appelés au chevet d'une Argentine sonnée par le départ surprise de son joueur vedette de la sélection nationale, pour expliquer, dans des articles ou sur les plateaux de télévision, ce qui a bien pu se passer.

Et pour réfléchir, aussi, sur la façon pour la société argentine de digérer les défaites.

"Qu'est-il passé par la tête de Messi ?", "Les Argentins, sommes-nous accros au succès ?" sont les grandes questions dans les médias, depuis que la "puce" du Barça a lâché dimanche soir : "La sélection, c'est fini pour moi".

Quelques minutes plus tôt, son équipe avait essuyé un nouvel échec en finale de la Copa América, face au Chili (0-0 a.p., 4 tab à 2).

L'annonce a ébranlé la planète football et l'Argentine, où le président Mauricio Macri et la légende du ballon rond Diego Maradona ont appelé le joueur à changer d'avis.

Messi, "s'il te plaît ne renonce pas, ne leur fais pas croire que dans ce pays tout ce qui importe, c'est de gagner et d'être le premier", a écrit l'institutrice Yohana Fucks, dans une lettre adressée au footballeur et lue pendant l'émission de télévision la plus regardée d'Argentine.

- Besoin d'idoles -

Le mot-clé #NotevayasLio, très populaire depuis lundi sur les réseaux sociaux, s'affichait même mardi sur les panneaux électroniques de circulation à Buenos Aires.

Dans ce pays fanatique de football, 30 ans ont passé depuis la dernière victoire en Coupe du monde, celle de Mexico en 1986 remportée grâce au génie de Maradona, et 23 depuis l'ultime trophée en Copa América.

"Les Argentins ont besoin d'idoles", explique à l'AFP Andrés Rascovsky, ex-président de l'Association argentine de psychanalyse (APA).

Derrière cette soif de héros il y a "l'humiliation et le dénigrement de cette grande masse populaire argentine par les mouvements politiques (et) la nécessité de se sauver à travers les idoles sportives comme Maradona et Messi", estime-t-il.

Longtemps pourtant, Messi n'a pas été prophète en son pays : les Argentins le qualifiaient parfois d'"apathique" et semblaient ne pas lui pardonner d'avoir quitté son pays pour l'Espagne à l'âge de 13 ans.

Selon M. Rascovzky, ce soudain regain d'affection pour "Leo" reste toutefois incomparable à l'amour inconditionnel suscité par Maradona, "plus synonyme de transgression et d'omnipotence".

"La +main de Dieu+ est un but transgressif, un faux but de la main que ses idoles ont élevé à la catégorie de divin", commente-t-il à propos du célèbre geste de Diego face à l'Angleterre en quarts de finale du Mondial de Mexico en 1986.

- Messi, simple humain -

Messi, lui, apparaît plus comme un simple humain, avec ses hauts et ses bas, ses coups au moral capables de lui faire dire adieu à la sélection argentine.

"Une grande partie de la société argentine s'identifie avec l'omnipotence transgressive et perverse de Maradona, alors que Messi semble avoir la personnalité plus modeste d'un homme normal", observe le psychanalyste.

Le principal intéressé reste lui silencieux depuis son coup d'éclat de dimanche soir.

Arrivé avec son équipe lundi soir à Buenos Aires, il a été accueilli par une centaine de supporters brandissant des pancartes pour lui clamer leur amour.

Il serait ensuite parti à Rosario, ville du nord de Buenos Aires où il est né il y a 29 ans et où se trouvent encore tous ses amis d'enfance.

Le président Macri, lui-même ancien patron du club de Boca Juniors, n'a pas hésité à décrocher son téléphone pour tenter de convaincre le joueur de revenir sur sa décision.

Et, dans des temps turbulents pour l'Argentine, soumise à une forte cure d'austérité économique, il a appelé à préserver la pépite du football national : "Lionel Messi est la plus grande chose que nous avons en Argentine, il faut y faire attention", a-t-il lancé.

Avec AFP

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