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Annonce surprise de Moscou sur un arrêt des frappes du régime syrien à Alep-Est


Des habitants, qui ont fui les quartiers orientaux d'Alep, arrivent dans une zone de la ville contrôlée par le gouvernement syrien, le 8 décembre 2016. (Photo fournie par l'agence SANA).
Des habitants, qui ont fui les quartiers orientaux d'Alep, arrivent dans une zone de la ville contrôlée par le gouvernement syrien, le 8 décembre 2016. (Photo fournie par l'agence SANA).

La Russie, alliée clé du régime de Bachar al-Assad, a annoncé jeudi un arrêt des raids aériens et des tirs d'artillerie de l'armée syrienne sur les quartiers rebelles d'Alep, une mesure censée assurer l'évacuation de milliers de civils pris au piège des violences.

Les forces du régime syrien, appuyées par des combattants étrangers, s'attaquaient jeudi aux derniers quartiers rebelles d'Alep, dont la conquête représenterait "un tournant dans la guerre" selon le président Bachar al-Assad.

Dans un entretien accordé à VOA Afrique, Philippe Migault, directeur de recherche à l’Iris et spécialiste de la Russie, estime que la reprise de la vieille ville d’Alep est "vraisemblablement un tournant dans la guerre".

Philippe Migault, de l’Iris, joint par Jacques Aristide
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"La reprise de la ville va permettre de libérer les moyens militaires qui vont permettre de poursuivre la reconquête de la Syrie, que ce soit dans la région d’Idlib ou davantage vers l’Est", confie l’expert français, joint à Paris.

Après l'annonce surprise de Moscou qui n'a pas été commentée par Damas, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a noté un arrêt des frappes de l'aviation syrienne et une baisse des tirs d'artillerie dans les derniers secteurs où les rebelles sont retranchés.

"C'est plus calme. Même les tirs d'armes légères ont diminué ce qui n'avait jamais été le cas jusqu'à présent", a également confirmé le correspondant de l'AFP à Alep-Est.

Un responsable du groupe rebelle Noureddine al Zinki, Yasser Youssef, a cependant émis des doutes sur l'annonce russe. "On ne peut juger du sérieux de cette déclaration qu'à la lumière de mesures concrètes garanties par l'ONU", a-t-il dit à l'AFP.

Fort de l'avancée fulgurante de ses troupes dans les quartiers rebelles, à Alep-Est, depuis le début d'une offensive lancée le 15 novembre, le président Bachar al-Assad avait refusé jusqu'à présent les appels à un cessez-le-feu, voulant coûte que coûte s'emparer de la totalité de la deuxième ville du pays.

"Les opérations de combat de l'armée syrienne ont été interrompues dans l'est d'Alep parce qu'il y a une grande opération en cours qui est l'évacuation des civils", a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, cité par les agences russes.

- 'Colonne d'évacuation' -

"Il va y avoir une colonne d'évacuation de 8.000 personnes", a poursuivi Sergueï Lavrov, en marge d'une réunion de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à Hambourg.

Interrogé par des journalistes, le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, a estimé qu'il s'agissait d'"une indication que quelque chose de positif pourrait se produire".

M. Lavrov a par ailleurs annoncé que des discussions militaires et diplomatiques russo-américaines se tiendraient samedi à Genève pour étudier notamment des plans d'évacuation des combattants rebelles et des civils qui le souhaitent.

Les rebelles se retrouvent acculés dans quelques secteurs sud d'Alep-Est avec des dizaines de milliers de civils pris au piège, alors que l'armée, appuyée de combattants iraniens et du Hezbollah libanais, contrôle désormais plus de 85% de la partie que les insurgés avait conquise en 2012, selon l'OSDH.

Avant l'annonce russe, l'Observatoire avait fait état de violents tirs d'artillerie et de raids aériens dans les quartiers de Soukkari, Boustane al-Qasr et Kallassé (sud). Dans ce dernier secteur, le correspondant de l'AFP a vu des gens s'enfuir, terrifiés, après la chute d'un baril d'explosifs dans la rue.

Dans un entretien avec un quotidien syrien paru jeudi, M. Assad avait écarté un cessez-le-feu, estimant qu'une reprise d'Alep par ses forces constituerait "un tournant dans la guerre".

Cette grande ville du nord est le principal front du conflit qui a fait depuis mars 2011 plus de 300.000 morts et poussé à la fuite plus de la moitié de la population syrienne.

Depuis le début de l'offensive à Alep, 384 civils ont été tués, dont au moins 45 enfants, à Alep-Est, selon l'OSDH. 105 civils, dont 35 enfants, l'ont été à Alep-Ouest.

Au fur et à mesure de l'avancée du régime à Alep-Est, les inquiétudes grandissent sur la situation humanitaire.

Le chef du groupe de travail sur l'aide humanitaire en Syrie, Jan Egeland, a renouvelé jeudi son appel à un cessez-le-feu immédiat.

"Ceux qui (...) essayent de s'enfuir sont pris dans des échanges de tirs, dans des bombardements et risquent d'être la cible de tireurs isolés", a-t-il dit.

- Appel des Casques Blancs -

"Plusieurs centaines d'enfants, malades et blessés (...) doivent sortir" d'Alep-Est, a-t-il ajouté.

Les Casques Blancs, les secouristes opérant dans les secteurs rebelles à Alep-Est, ont lancé un appel désespéré aux organisations internationales pour qu'elles les protègent en leur assurant un passage sûr.

"S'ils ne sont pas évacués, nos volontaires risquent la torture ou l'exécution dans les centres de détention du régime", ont-ils ajouté en s'adressant au Comité international de la Croix-Rouge (CICR), à l'ONU et au Conseil de sécurité.

L'intensité des combats a accéléré l'exode de la population et 80.000 personnes ont fui Alep-Est depuis le 15 novembre, selon l'OSDH.

La grande majorité a trouvé refuge dans des secteurs aux mains des forces gouvernementales, comme Abdel Hamid qui, avec sa femme et ses dix enfants, a fini par quitter son quartier de Salhine, repris par l'armée.

"J'ai perdu ma maison (...) mais j'ai garanti la vie de mes enfants", se félicite-t-il.

Fidèle alliée du régime, la Russie est intervenue militairement en septembre 2015 en Syrie aidant les troupes de M. Assad à inverser la situation et à enregistrer des succès.

La reprise d'Alep par le régime constituerait sa plus importante victoire depuis le début de la guerre en 2011. Quant aux rebelles, il s'agirait d'une énorme défaite, et ils ne contrôleraient plus que la province d'Idleb (nord-ouest), voisine de celle d'Alep, et quelques poches près de Damas et dans le sud du pays.

Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques réclamant des réformes, la guerre en Syrie s'est complexifiée avec l'implication des puissances étrangères et des jihadistes sur un territoire de plus en plus morcelé.

Avec AFP

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