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Navi Pillay, infatigable défenseure sud-africaine des droits humains


Née en 1941 à Durban dans une famille d'origine tamoule, Navi Pillay grandit dans un quartier pauvre de la ville portuaire.
Née en 1941 à Durban dans une famille d'origine tamoule, Navi Pillay grandit dans un quartier pauvre de la ville portuaire.

Jeune avocate d'origine indienne dans l'Afrique du Sud de l'apartheid, Navi Pillay a marqué l'histoire en obtenant le droit pour les prisonniers politiques du régime, enfermés au côté de Nelson Mandela sur Robben Island, d'être défendus.

Fille d'un chauffeur de bus, devenue avocate puis juge et Haute-Commissaire aux droits de l'homme à l'ONU, Mme Pillay a l'art de traiter des dossiers difficiles. A désormais 81 ans et officiellement à la retraite, elle continue son combat passionné pour le respect des droits humains.

Ses 50 années de carrière l'ont menée des cours sud-africaines au Tribunal pénal international pour le Rwanda. Mais c'est sa dernière mission à la tête d'une commission onusienne chargée d'enquêter sur les atteintes aux droits dans les Territoires palestiniens et en Israël, qui a peut-être été la plus ardue.

L'an dernier, un membre de la commission a été accusé d'antisémitisme par plusieurs pays pour avoir critiqué le "lobby juif". Mme Pillay, elle-même accusée de partialité, l'a fermement défendu.

Elle avoue toutefois s'être sentie "offensée" lors de la présentation du rapport de la commission à l'Assemblée générale des Nations unies en octobre. "Nous avons été malmenés par l'ambassadeur israélien (et d'autres). Ils nous ont accusés d'être antisémites et de haine envers les juifs", raconte-t-elle lors d'un entretien avec l'AFP.

"J'ai 81 ans et c'est la première fois qu'on me traite d'antisémite", dit-elle avant d'ajouter avec son franc-parler habituel, "ce serait drôle si ce n'était pas aussi absurde".

"Vécu le pire"

Face aux critiques, elle répond avoir déjà "vécu le pire". Sous l'apartheid, ceux comme elle étaient "maltraités et traités comme des moins que rien", se souvient-elle derrière ses lunettes à la monture fine. Le choix était alors simple: être "faible et pleurer" ou "se battre à chaque match", souligne-t-elle. "J'ai toujours su qui je suis et comment combattre toute forme de discrimination. En osant prendre la parole et en la condamnant. C'est ce que j'ai fait à l'ONU", dit-elle d'un ton sévère.

Née en 1941 à Durban (sud-est) dans une famille d'origine tamoule, Mme Pillay grandit dans un quartier pauvre de la ville portuaire. Elle étudie le droit, décroche un doctorat à la prestigieuse université américaine d'Harvard. Elle devient alors la première femme de couleur à ouvrir un cabinet d'avocats dans sa province du KwaZulu-Natal et défend avec acharnement les opposants à l'apartheid. En 1973, elle obtient le droit pour les prisonniers politiques à un avocat.

Un an après l'élection de Nelson Mandela en 1994, elle devient la première femme de couleur nommée à la Haute cour d'Afrique du Sud. La même année, avec l'appui de Mandela, elle siège au Tribunal pénal international pour le Rwanda. Elle fait partie des juges qui ont rendu une décision historique conduisant à la reconnaissance du viol en tant qu'arme du génocide.

En 2008, elle est nommée Haute-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, jusqu'en 2014. Elle est aujourd'hui à la tête de la Commission internationale contre la peine de mort. Elle a ouvertement condamné la répression du printemps arabe par les gouvernements notamment en Libye et en Syrie.

Généralement en blazer, parfois en sari lors de ses apparitions publiques, quand elle n'est pas sur le ring, la juriste mondialement reconnue dit cuisiner et jouer parfois au golf.

Elle dit de l'Afrique du Sud qu'elle a une bonne Constitution. Mais selon elle, le pays a besoin de personnes compétentes pour le diriger: "C'est difficile de voir à quel point la situation est dégradée", regrette-t-elle, évoquant le "pillage de l'argent des contribuables" par la corruption.

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