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Afghanistan: l'ONU redoute un nombre de victimes civiles sans précédent en 2021


Un policier afghan surveille le poste de contrôle à la périphérie de Kaboul, en Afghanistan, le 13 juillet 2021.
Un policier afghan surveille le poste de contrôle à la périphérie de Kaboul, en Afghanistan, le 13 juillet 2021.

L'ONU craint qu'un nombre "sans précédent" de civils soient tués ou blessés en 2021 en Afghanistan en cas de poursuite des combats, lesquels se sont intensifiés depuis le déclenchement en mai d'une offensive généralisée des talibans.

Dans son rapport sur les victimes civiles au premier semestre 2021, la mission de l'ONU en Afghanistan (Unama) dit s'attendre à ce que l'année en cours soit la plus meurtrière pour les civils afghans depuis 2009, date à laquelle a commencé ce comptage.

"Les pertes civiles en Afghanistan au premier semestre 2021 ont atteint des niveaux records, avec une hausse particulièrement brutale (du nombre) des morts et des blessés depuis mai, quand les forces internationales ont entamé leur retrait et que les combats se sont intensifiés après l'offensive des talibans", note l'Unama.

La représentante spéciale de l'ONU à Kaboul, Deborah Lyons, a prévenu dans un communiqué qu'un "nombre sans précédent de civils afghans vont périr et être gravement blessés cette année si l'intensification de la violence n'est pas jugulée".

Mme Lyons "implore les talibans et les dirigeants afghans de tenir compte de la trajectoire sinistre et effrayante que prend le conflit et de son effet dévastateur sur les civils" et les appelle à "intensifier (leurs) efforts" de négociations.

"La poursuite d'une solution militaire ne fera qu'accroître les souffrances du peuple afghan", souligne-t-elle, alors que les pourparlers entre gouvernement afghan et talibans, ouverts en septembre 2020 au Qatar, n'ont pour l'heure connu aucune avancée.

Selon l'Unama, 1.659 civils ont été tués et 3.254 blessés au cours des six premiers mois de l'année, 47% de plus qu'au premier semestre 2020. Près de la moitié de ces victimes sont des femmes et des enfants.

Près de la moitié des victimes civiles de l'ensemble du premier semestre, a été enregistrée au cours des deux seuls mois de mai et juin, les deux premiers de l'offensive tous azimuts des talibans à travers le pays (783 civils tués, 1.609 blessés).

- "Afghans contre Afghans" -

Les groupes antigouvernementaux sont responsables de 64% des victimes civiles enregistrées au premier semestre 2021: 39% sont attribuables aux talibans, 9% au groupe État islamique et 16% à des "éléments indéterminés", selon la mission onusienne.

L'Unama dénonce notamment les assassinats ciblés de fonctionnaires civils, défenseurs des droits humains, membres de la presse, chefs religieux et travailleurs humanitaires perpétrés par ces groupes et la recrudescence d'attaques délibérées visant les membres de la minorité chiite, principalement issus de la communauté hazara.

Les talibans ont rejeté dans un communiqué le contenu du rapport: "Au cours des six derniers mois, les combattants (talibans) n'ont délibérément tué aucun civil où que ce soit, ou mené des attaques ayant pu conduire à la mort de civils".

Ils accusent "au contraire, les bombardements aveugles à grande échelle" des forces afghanes d'avoir "visé des civils" et "tué des milliers d'entre eux".

L'Unama attribue aux forces pro-gouvernementales la responsabilité de 25% des victimes civiles, dont l'essentiel aux forces de défense et de sécurité.

Dans 11% des cas, les responsables n'ont pu être identifiés.

Human Rights Watch a récemment fait part "d'indices croissants" d'atrocités commises envers des civils par les talibans dans les zones dont ils se sont emparées, notamment le district méridional de Spin Boldak, près de la frontière pakistanaise.

Sans faire référence au rapport onusien, le porte-parole des forces afghanes de sécurité, Ajmal Omar Shinwari, a affirmé lundi, sans autre détails, qu'environ 400 personnes avaient été "emmenées hors de chez eux" à Spin Boldak et 100 tuées depuis que les insurgés ont pris le contrôle du district, mi-juillet.

Pour la première fois depuis 2009, l'ONU n'attribue aucune victime civile aux forces internationales dont le retrait définitif, entamé début mai, est désormais quasiment achevé, et souligne que "le conflit a pris un caractère distinctement +Afghans contre Afghans+".

Les États-Unis ont toutefois annoncé dimanche soir qu'ils poursuivraient leurs frappes aériennes contre les talibans si ceux-ci continuaient leur offensive.

Les talibans se sont emparés depuis presque trois mois de vastes pans de territoire, essentiellement ruraux. Les forces afghanes ne contrôlent plus pour l'essentiel que les principaux grands axes et les capitales provinciales.

Soulignant que la majorité des combats des mois meurtriers de mai et juin s'est déroulée "hors des villes, dans des zones comparativement peu peuplées, l'Unama avertit "des conséquences potentiellement catastrophiques pour les civils afghans" en cas d'opérations militaires "dans des zones urbaines densément peuplées".

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