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Accord commercial entre l'UE et le Japon en réponse à Trump


Cecilia Malmström, Commissaire européenne au Commerce, 9 novembre 2016.
Cecilia Malmström, Commissaire européenne au Commerce, 9 novembre 2016.

L'Union européenne et le Japon sont parvenus mercredi à un "accord politique" sur un traité de libre-échange, une réponse commune aux tendances protectionnistes des Etats-Unis.

"Nous avons trouvé un accord politique au niveau ministériel. Nous recommandons maintenant aux dirigeants de le confirmer lors du sommet" UE-Japon prévu jeudi à Bruxelles, a annoncé Cecilia Malmström, Commissaire européenne au Commerce, après une rencontre avec le ministre japonais des Affaires étrangères, Fumio Kishida.


Le sommet de jeudi doit réunir le président de la Commission Jean-Claude Juncker, celui du Conseil --qui représente les Etats membres-- Donald Tusk ainsi que le Premier ministre japonais Shinzo Abe.

"Nous avons pu confirmer avoir abouti à un accord cadre", a déclaré de son côté M. Kishida à des journalistes nippons à Bruxelles, selon la chaîne japonaise NHK.


Mme Malmström a twitté une photo la représentant aux côtés de M. Kishida tenant chacun une poupée traditionnelle japonaise censée symboliser un voeu.

Européens et Japonais ont mis les bouchées doubles pour parvenir à un accord politique avant la tenue du G20 vendredi et samedi à Hambourg, en Allemagne.

L'annonce d'un tel accord juste avant le sommet leur permet d'envoyer "un signal fort" en faveur du libre-échange au reste du monde, notamment au président américain Donald Trump, dont la politique protectionniste inquiète ses partenaires.

Dès son arrivée au pouvoir, le président américain avait officialisé le retrait de son pays du Traité transPacifique (TPP) signé avec 11 pays de la région Asie-Pacifique, dont le Japon, la troisième puissance économique mondiale.

Les Japonais s'étaient alors recentrés sur les négociations avec l'UE, au point d'en faire une priorité. "Il est extrêmement important que le Japon et l'UE défendent le libre-échange (...) à un moment où le monde fait face à des tendances protectionnistes", a encore plaidé mardi le Premier ministre Shinzo Abe, attendu à Bruxelles dans la soirée.

- "99% des échanges" -

Par cet "accord politique", les deux parties officialisent le fait qu'elles sont "tombées d'accord sur presque tous les sujets d'importance", a expliqué une source européenne mercredi.

"Il faudra ensuite qu'on couche ça dans un texte" qui comprendra l'ensemble des détails techniques, ce qui nécessitera encore plusieurs mois de travail, a-t-elle ajouté.

Au final, le texte couvrira, selon cette même source, "99% des échanges bilatéraux" entre l'UE et le Japon, à l'issue d'une période de transition pour certains secteurs sensibles.

Européens et Japonais sont parvenus mercredi à un compromis --non détaillé-- sur les derniers points d'achoppement: les taxes très élevées appliquées sur les fromages importés des pays de l'Union, d'un côté, et les droits de douane imposés en Europe sur les voitures en provenance du Japon, de l'autre.

Les deux parties sont en revanche loin de s'accorder sur la délicate question du mécanisme de règlement des différends entre Etats et investisseurs, sur laquelle les négociations continueront à la rentrée.

Les Japonais sont favorables à un système d'arbitrage classique, à l'instar de ceux qu'on retrouve dans la plupart des accords commerciaux du monde.

Les Européens, eux, espèrent les convaincre d'accepter le principe nouveau d'un tribunal permanent, à l'image de celui qu'ils vont mettre en place dans l'accord récemment signé --dans la douleur-- avec le Canada, le CETA.

Négocié depuis mars 2013 dans une quasi-indifférence, le JEFTA (Japan-EU free trade agreement) pourrait peser bien plus lourd économiquement que le CETA: l'UE est le troisième partenaire commercial du Japon, tandis que le Japon --127 millions d'habitants-- arrive en sixième position pour le Vieux Continent.

Des voix ont commencé à s'élever contre l'accord depuis l'intensification des pourparlers. L'ONG Greenpeace, qui a rendu publiques des centaines de pages du projet, a ainsi dénoncé "une menace pour nos droits démocratiques, notre santé et l'environnement".

Avec AFP

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