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Présidentielle comorienne : Azali brigue un 3e mandat


Depuis son retour au pouvoir en 2016, l'ancien colonel putschiste Azali Assoumani a jeté nombre de ses opposants en prison et poussé d'autres à l'exil.
Depuis son retour au pouvoir en 2016, l'ancien colonel putschiste Azali Assoumani a jeté nombre de ses opposants en prison et poussé d'autres à l'exil.

Les Comoriens votent dimanche pour la présidentielle, où le camp du sortant Azali Assoumani, qui tient le petit archipel d'une main de fer, part confiant pour remporter un troisième mandat consécutif face à une opposition divisée et dont une partie appelle au boycott du scrutin.

Près de 340.000 électeurs sont appelés aux urnes pour choisir entre six candidats dans ces îles pauvres de l'océan Indien au lien étroit avec la France où vit une importante diaspora, et connues pour leur production de vanille et de fleurs utilisées dans la parfumerie de luxe.

L’opposant comorien Said Ahmed Said Abdillah appelle à une transition sans le president Assoumani
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Les bureaux de vote, où les électeurs choisiront aussi leurs gouverneurs, seront ouverts de 05H00 à 15H00 GMT. Les résultats doivent être annoncés dans les jours suivants. Un second tour, si nécessaire, est prévu le 25 février. Policiers et gendarmes seront déployés, et l'armée prête à intervenir en cas de troubles. Mais la contestation est rare cet archipel musulman de 870.000 habitants, dont 45% vivent sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale.

Une manifestation à l'appel des pro-boycott de l'élection a été tuée dans l'oeuf mardi. "Nous avons eu des informations faisant état de l'arrestation de certains de nos membres" et "avons donc préféré reporter la manifestation", a expliqué à l'AFP Ahmed Hassan El Barwane, secrétaire général du parti d'opposition Juwa.

Depuis son retour au pouvoir en 2016, l'ancien colonel et putschiste Azali Assoumani, actuellement président en exercice de l'Union africaine, a jeté nombre de ses opposants en prison et poussé d'autres à l'exil.

Son grand rival, l'ex-président très populaire Ahmed Abdallah Sambi, est en prison pour haute trahison, condamné en novembre 2022 à perpétuité au terme d'un procès dénoncé comme inéquitable. L'autre leader de l'opposition, l'ancien vice-président Mohamed Ali Soilih, jugé par contumace dans la même affaire, est en exil à Paris. Le premier est pro-élection, le second soutient le boycott.

"Dès le premier tour"

Avec une opposition qui peine à se rassembler, le camp Azali espère une victoire rapide: "Il est tout à fait possible de passer dès le premier tour", a assuré à l'AFP Ali Mliva Youssouf, à la tête de la coalition pro-régime, l'Alliance de la mouvance présidentielle.

En 2018, M. Azali a fait passer une réforme constitutionnelle portant de un à deux mandats de cinq ans la durée de la présidence attribuée par rotation à un natif d'une des trois îles du pays (Grande-Comore, Mohéli, Anjouan), ce qui lui permet de se représenter aujourd'hui. L'opposition avait alors dénoncé sa dérive autoritaire, sans pouvoir s'y opposer.

Ces dernières semaines, quelques meetings de campagne ont eu lieu mais peu d'affiches sont visibles dans les rues. Le président sortant doit s'exprimer une dernière fois devant ses soutiens vendredi dans la capitale Moroni. L'opposition craint des fraudes et dénonce déjà des irrégularités avec des listes électorales qui n'ont pas encore été publiées. Lors de la dernière présidentielle en 2019, "Azali" l'avait emporté dès le premier tour avec 60% des voix mais les résultats avaient été contestés avant d'être entérinés par la justice.

"Le ministre de l'Intérieur, la commission électorale et l'état-major s'apprêtent à commettre un hold-up dimanche", a fustigé Mouigni Baraka Said Soilihi, candidat de l'opposition.

"Je veux être sûr que personne ne votera à ma place comme c'était le cas en 2019", lâche Tadjidine Said Abdallah, gérant d'une agence de voyage à la cinquantaine, interrogé par l'AFP. "Ce n'est pas la peine que les gens se déplacent, qu'ils restent chez eux", dit avec pessimisme Widad Asnadi, un enseignant de 46 ans.

Azali Assoumani était apparu sur la scène politique en 1999, alors qu'il était chef d'état-major de l'armée, en prenant le pouvoir à la faveur d'un des coups d'Etat qui ont agité le pays depuis son indépendance de la France en 1975. Elu en 2002, il a cédé le pouvoir par rotation à M. Sambi en 2006, avant d'être réélu en 2016.

De nombreux Comoriens vivent à l'étranger, dont quelque 300.000 en France, notamment à Mayotte, ancienne île de l'archipel restée française, et où l'afflux massif de migrants comoriens a provoqué des remous ces dernières années. La justice comorienne a rejeté l'an dernier un recours réclamant que le droit de vote de la diaspora soit garanti.

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