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Un réalisateur veut redorer le blason du cinéma de Bobo Dioulasso


Un guichet du Festival panafricain du cinéma et de la télévision (FESPACO) à Ouagadougou, la capitale burkinabè, le 3 mars 2017.
Un guichet du Festival panafricain du cinéma et de la télévision (FESPACO) à Ouagadougou, la capitale burkinabè, le 3 mars 2017.

Le réalisateur Drissa Touré, qui fut l'un des cinéastes les plus en vue de Bobo Dioulasso, s’active pour ramener la magie du cinéma dans la deuxième plus grande ville du Burkina Faso qui était autrefois le centre d'une culture cinématographique renommée.

Aujourd'hui, il n'y a plus une seule salle de cinéma en activité dans la ville. Devant la salle du ciné Sayon de Bobo Dioulasso, la rouille a fini par effacer les lettres peintes en blanc qui indiquaient les "programmes" de projection des films.

À travers les portes vitrées et verrouillées, le producteur de films Drissa Touré jette un regard nostalgique, se souvenant de l'époque où les habitants de la capitale culturelle du pays pouvaient profiter de films venus de tout le continent et d'ailleurs.

"J'ai concouru pour la Caméra d'Or. Mon film a été sélectionné au FESPACO en 1994, et en 1995, il m'a amené au festival de Cannes. La lettre est arrivée ici, et je l'ai montrée à ma mère. J'avais déjà envoyé ma mère à la Mecque. Pour qu'elle ressente la force, le bonheur, que cette lettre m'a apporté, j'ai dit : "Maman, c'est comme la Mecque du cinéma. Je vais à la Mecque du cinéma en France." Et c'était là - la joie", exulte Drissa Touré, ancien réalisateur de films. Il est né à Bobo Dioulasso et a été membre du jury du premier festival du film organisé dans cette ville.

Les attaques terroristes dans le nord du Burkina Faso a forcé le gouvernement à orienter les dépenses vers la sécurité, détournant au passage des fonds de son budget artistique et culturel. Le cœur brisé mais pas découragé, M. Touré a jugé bon d'organiser un festival du film d'une semaine au début du mois, qui a présenté une sélection de productions africaines dans le but de raviver l'intérêt local pour cet art.

"Pour moi, ce festival me fait vraiment chaud au cœur parce que voir un festival de cinéma à Bobo Dioulasso, ça nous permet à nous, artistes, de rêver de nous voir un jour dans un film, dans une salle de cinéma", espère Sali Z, artiste base à Bobo Dioulasso, où l'unique salle de cinéma est privée et désormais fermée au public

Alors que la sécheresse s'installe dans la Corne de l'Afrique, la concurrence pour les ressources naturelles de plus en plus rares s'est accrue entre les réfugiés et leurs hôtes.

"Dans l'histoire du cinéma burkinabé, vous verrez que beaucoup de grands noms sont venus de Bobo Dioulasso. Mais il n'y a jamais eu en retour ce genre de festival pour rassembler les gens", regrette Omar Dagnoon, producteur de film burkinabè.

"C'est vrai qu'il y a eu des rencontres, mais un festival comme celui-ci représente un moment d'échange, de partage, d'apprentissage des anciens et de transmission à la nouvelle génération aussi. C'est donc très important pour la ville, car cela va contribuer à la réémergence de l'industrie cinématographique ici", ajoute le producteur.

Le Burkina Faso a du poids dans l'industrie cinématographique du continent, avec plusieurs longs métrages qui ont reçu des prix internationaux au cours des dernières décennies.

Le pays d'Afrique de l'Ouest accueille tous les deux ans le célèbre festival panafricain du film FESPACO dans sa capitale Ouagadougou, mais ce nouveau festival sera une première pour les habitants de Bobo Dioulasso.

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