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L'ombre du covid plane sur les législatives cap-verdiennes


Des partisans de Janira Hopffer Almada, leader du Parti africain pour l'indépendance du Cap-Vert (PAICV) à Praia, le 11 avril 2021.
Des partisans de Janira Hopffer Almada, leader du Parti africain pour l'indépendance du Cap-Vert (PAICV) à Praia, le 11 avril 2021.

La chute du tourisme et des transferts d'argent venant de la diaspora risque de faire peser la balance dans un scrutin qui met aux prises les "Verts" du MPD et les "Jaunes" du PAICV.

Les électeurs de l'archipel du Cap-Vert se rendent aux urnes dimanche pour des législatives qui décideront du retour au pouvoir ou non de l'ancien parti de libération, le Parti africain pour l'indépendance du Cap-Vert (PAICV), dont les origines remontent au légendaire Amilcar Cabral.

Dans les derniers jours de la campagne, les candidats ont sillonné les différentes îles qui composent cette nation située sur l'océan Atlantique, à l'ouest du Sénégal.

Pour la délicate mission de reconquête du pouvoir, le PAICV mise sur une femme de haut calibre, Janira Hopffer Almada.

"JHA" ou un Cap-Vert "pour tous"

À 42 ans, cette dynamique avocate de formation et ancienne professeure d'université a un parcours impressionnant. En plus d’être une ancienne élue municipale, elle est aussi une ancienne députée et une ancienne ministre. C’est en 2014 qu’elle prend la direction du parti historique, devenant ainsi la première femme à accéder à ce poste.

Pour la campagne de cette année, rien ne semble avoir été laissé au hasard. Des exhortations quotidiennes sur Facebook aux rassemblements à Praia, la capitale, "JHA" est passée à l'offensive. Selon le portail d'informations A Semana, elle a entamé un périple à travers les îles pour promouvoir sa vision d'"un Cap-Vert pour tous" (Um Cabo Verde para Todos). Elle se projette volontiers comme représentant les aspirations aussi bien de la jeunesse que des femmes.

Ulisses pour garder le cap

En face, il y a l'actuel parti au pouvoir, le Mouvement pour la démocratie (MPD), fondé en 1990 dans la foulée du multipartisme et qui a remporté les premières élections pluralistes du pays l’année suivante. Depuis, il rivalise avec le PAICV tant aux législatives qu’aux présidentielles. C’est d’ailleurs le parti auquel appartient l’actuel chef de l’État, le président Jorge Carlos Fonseca, dont le second et dernier mandat s’achève en octobre.

Sentant le danger incarné par "JHA", le leader du MPD, Ulisses Correia E Silva, 58 ans, l’actuel Premier ministre de l’archipel, multiplie lui aussi les meetings d’une île à l’autre.

Administrateur chevronné, cet ancien professeur d’université fut autrefois directeur à la Banque centrale puis ministre des Finances. Ancien député et ancien chef du conseil municipal de Praia, il est élu Premier ministre en 2016.

Pour la campagne de cette année, il a lancé une offensive tous azimuts axée sur les questions pratiques telles que le salaire minimum ou la place des femmes dans la société de la nation insulaire.

Dans des publicités partagées sur Facebook et dans sa plateforme électorale, "Le Cap-Vert sur la bonne voie" (Cabo Verde no Caminho Seguro), il vante ses réalisations au cours des cinq dernières années.

Parmi celles-ci : une réduction de la criminalité, une baisse du chômage chez les jeunes et la croissance économique. Il promet "d'éradiquer l'extrême pauvreté d'ici à 2026" et annonce la fin prochaine des frais de scolarité, un revenu minimum de substitution "solidaire" ainsi qu'une réduction des tarifs de l'eau et de l'électricité.

Diaspora et covid

L'ombre d'une grande inconnue plane sur ces élections: l'impact de la pandémie du nouveau coronavirus.

Même si l'archipel compte moins de 200 décès sur plus de 19.000 cas confirmés selon l'université Johns Hopkins, le Cap-Vert dépend énormément du tourisme et des transferts d'argent de sa diaspora.

Fort de ce constat, une des particularités des législatives au Cap-Vert est que six sièges de députés sur les 72 que compte le Parlement au total sont réservés aux candidats vivant à l'étranger.

Les transferts de la diaspora représentent "une source importante de devises étrangères", d'après une analyse publiée par le Fonds monétaire international en novembre. Or avec ses restrictions de voyage et la baisse des activités économiques dans les pays d'accueil de sa diaspora et dans les pays d'origine des touristes, la pandémie porte un coup dur à l'économie nationale. Du coup, le risque de mécontentement social se dessine, et avec la possibilité d'un vote sanction.

Selon le quotidien Expresso das Ilhas, quatre autres partis politiques sont aussi en lice pour le scrutin de dimanche.

Le journal précise qu'aux législatives de mars 2016, le MPD avait remporté 40 sièges contre 29 pour le PAICV et trois pour l’Union cap-verdienne indépendante et démocratique (UCID).

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