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Dix élections africaines qui ont marqué l'année 2020


Quelques leaders qui ont joué un rôle dans la présidentielle de leur pays: (de g. à dr.) Mahamadou Ioussoufou (Niger), Catherine Pamba-Sanza (RCA), Lazarus Chakwera (Malawi), Danny Faure et Wavel Ramkalawan (Seychelles), Evariste Ndayishmiye (Burundi), Nana Akufo-Addo (Ghana).
Quelques leaders qui ont joué un rôle dans la présidentielle de leur pays: (de g. à dr.) Mahamadou Ioussoufou (Niger), Catherine Pamba-Sanza (RCA), Lazarus Chakwera (Malawi), Danny Faure et Wavel Ramkalawan (Seychelles), Evariste Ndayishmiye (Burundi), Nana Akufo-Addo (Ghana).

Malgré la pandémie du nouveau coronavirus, cette année en Afrique, plusieurs pays ont organisé des élections.

Onze nations ont tenu des élections présidentielles : le Burkina Faso, le Burundi, la Centrafrique, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée, le Malawi, le Niger, les Seychelles, la Tanzanie et le Togo.

Une quinzaine de pays a organisé des législatives ou des régionales.

En raison de la situation sanitaire, trois pays ont choisi de repousser leurs élections, l’Éthiopie (parlementaire), le Tchad (législative) et le Gabon (législative).

Retour sur 10 scrutins qui ont marqué le continent cette année, regroupés en 3 catégories.

Quatre scrutins pour tourner la page

1. Malawi
Le 23 juin 2020, les électeurs du Malawi ont été convoqués à nouveau aux urnes, pour choisir entre le président Peter Mutharika et son adversaire, le pasteur évangélique Lazarus Chakwera. En 2019, les deux hommes avaient croisé le fer et le président Mutharika a été déclaré vainqueur par la commission électorale.

Le président du Malawi, Lazarus Chakwera, salue la foule après avoir prêté serment à Lilongwe, le 28 juin 2020.
Le président du Malawi, Lazarus Chakwera, salue la foule après avoir prêté serment à Lilongwe, le 28 juin 2020.

L'opposition avait alors déposé un recours devant la Cour constitutionnelle et les juges ont ordonné une nouvelle élection en raison de graves irrégularités. C'est alors que l'inédit s'est produit : Lazarus Chakwera a gagné, et le président Mutharika s'est retiré. Une première qui a valu aux juges constitutionnels du Malawi un prix décerné par le think-tank londonien Chatham House pour "courage et indépendance dans la défense de la démocratie".

2. Seychelles
Les électeurs seychellois se sont rendus aux urnes du 22 au 24 octobre 2020. L'élection s'est soldée par un tremblement de terre : le parti au pouvoir a perdu, une première depuis 1977. Ainsi l'opposant Wavel Ramkalawan, pasteur anglican, a remporté dès le 1er tour la présidentielle, battant le president sortant Danny Faure. Une victoire historique pour l'opposition dans un pays où depuis plus de 40 ans tous les chefs d'Etat étaient issus de l'ex-parti unique, le Front Progressiste du Peuple Seychellois, devenu United Seychelles en 2009.

3. Burundi
Le général à la retraite Évariste Ndayishimiye est sorti vainqueur de la présidentielle burundaise du 20 mai. Proche collaborateur de son prédécesseur, il avait été désigné dauphin par le président Pierre Nkurunziza qui avait décidé de se retirer après trois mandats.

Le président du Burundi Evariste Ndayishimiye après son investiture à Gitega, au Burundi, le jeudi 18 juin 2020.
Le président du Burundi Evariste Ndayishimiye après son investiture à Gitega, au Burundi, le jeudi 18 juin 2020.

M. Ndayishmiye a dû prendre le pouvoir deux mois avant la date de prestation de serment initialement prévue, en raison de la mort soudaine du président Nkurunziza à la suite d’une crise cardiaque trois semaines après l’élection de son successeur. L’arrivée au pouvoir du président Évariste Ndayishimiye a fait naitre l’espoir d’une ouverture diplomatique du Burundi, de plus en plus isolé au cours du dernier mandat de M. Nkurunziza.

4. Niger
Le 27 décembre, les Nigériens se sont rendus aux urnes pour un rendez-vous historique : pour la première fois depuis l'indépendance en 1960, un président élu cédera pacifiquement la place à un autre. Le président Mohamadou Issoufou, 68 ans, a décidé de ne pas briguer un troisième mandat. Quelle que soit l’issue du scrutin, "la victoire revient au peuple nigérien", a-t-il déclaré.

Quatre élections polémiques

1. Guinée
La Guinée a voté le 18 octobre. Le président Alpha Condé, 82 ans, a remporté un troisième mandat très controversé, selon la Commission électorale nationale indépendante qui publiait les résultats au compte-goutte, circonscription par circonscription. Le président Condé a obtenu 59 % des suffrages contre 33 % pour l’opposant Cellou Dalein Diallo qui a déclaré ne pas reconnaitre ces résultats dont l’annonce a donné lieu à des affrontements entre forces de l’ordre et manifestants. Au cours de l’année qui a conduit à la présidentielle, le mouvement de protestation provoqué par la possibilité d’un troisième mandat du président Condé a donné lieu à la mort de nombreux manifestants.

2. Côte d’Ivoire
Après avoir promis de ne pas tenter de briguer un troisième mandat, Alassane Ouattara, le président sortant ivoirien, a fait volte-face en déposant sa candidature pour le scrutin du 31 octobre. A l’issue d’un scrutin sous haute tension largement boycotté par l’opposition, la CENI a déclaré M. Ouattara vainqueur avec 94% des voix pour un taux de partition de 53 %. Peu avant l’élection, le président Ouattara avait justifié sa candidature comme étant un devoir suite au décès inopiné de sa relève, le premier ministre Amadou Gon Coulibaly revenu en Côte d’Ivoire après deux mois d’hospitalisation.

Le président ivoirien Alassane Ouattara (à g.) et son homologue guinéen Alpha Condé assistent à une cérémonie marquant le 75e anniversaire du débarquement allié en Provence pendant la Seconde Guerre mondiale, à Saint-Raphaël, dans le sud-est de la France, le 15 août 2019.
Le président ivoirien Alassane Ouattara (à g.) et son homologue guinéen Alpha Condé assistent à une cérémonie marquant le 75e anniversaire du débarquement allié en Provence pendant la Seconde Guerre mondiale, à Saint-Raphaël, dans le sud-est de la France, le 15 août 2019.

3. Togo
Le président Faure Gnassingbé au pouvoir depuis 2005, a été réélu à l’issue du scrutin du 22 février 2020. Il remporte un quatrième mandat consécutif à la tête du Togo. Au cours de cette élection qui fut la première organisée sur le continent cette année, le président Gnassingbé faisait face à six autres candidats. Après deux ans de protestation populaire contre le régime dynastique des Gnassingbé dont le père était au pouvoir pendant 38 ans, les législateurs togolais ont approuvé des réformes limitant à deux les mandats présidentiels, mais cette règle n’étant pas rétroactive, Faure Gnassingbé a été autorisé à briguer deux mandats supplémentaires. Après l'élection, son principal challenger, Agbeyome Kodjo, s'est déclaré le vainqueur légitime et il a été arrêté par la suite.

4. Centrafrique
Les Centrafricains ont voté dimanche 27 décembre 2020 pour élire leur président et leurs députés. Si à Bangui on a pu voter sous haute surveillance, ce n’était pas le cas dans une bonne partie du pays. Le président Faustin Archange Touadéra, élu en 2016, brigue un second mandat.

L'ancienne présidente et ex-mairesse de Bangui Catherine Samba Panza, cheffe d'État de transition entre 2014 et 2016, a annoncé fin juillet sa candidature à la présidentielle.

La présidente intérimaire de la République centrafricaine Catherine Samba-Panza quitte le Palais de l'Elysée à Paris après une rencontre avec le président français François Hollande, le 27 mai 2015.
La présidente intérimaire de la République centrafricaine Catherine Samba-Panza quitte le Palais de l'Elysée à Paris après une rencontre avec le président français François Hollande, le 27 mai 2015.

A quelques jours du scrutin, les groupes armés avaient menacé de marcher sur Bangui. L’ancien président François Bozizé, renversé par un putsch en 2013 et dont la candidature n’a pas été acceptée, a été accusé de "tentative de coup d’État".

Deux partis en quête de renouveau

1. Ghana
Au Ghana, l’élection du 7 décembre 2020 a été l'occasion d’un troisième duel entre deux poids lourds : l'ancien président John Mahama et l'actuel président Nana Akufo-Addo.

Derrière eux se trouvent deux machines politiques colossales : le Congrès national démocratique (NDC) et le Nouveau parti patriotique (NPP). Pour la troisième fois consécutive, le NDC a perdu l'élection présidentielle. Le parti de feu Jerry Rawlings doit maintenant procéder à un examen de conscience.

Comment regagner du terrain ? Un renouvellement de l’élite du parti est certes nécessaire, mais reste à savoir si les dirigeants actuels sauront assumer les choix qui s’imposent.

2. Namibie
La Namibie est une démocratie multiraciale qui a obtenu son indépendance en 1990. Depuis lors, l'ancien parti de libération, SWAPO, a exercé une mainmise sur presque tous les aspects de la politique. Mais le parti-État a progressivement perdu de son lustre, entaché par la perception d'une élite corrompue qui la du mal à répondre aux besoins des Namibiens et qui peine à régler le problème d'un accès inéquitable à la terre, vestige du régime d'apartheid sud-africain qui avait colonisé la Namibie.

Le président namibien et chef du parti SWAPO, Hage Geingob (à g.), vote à Windhoek, en Namibie, lors des élections du pays, mercredi 27 novembre 2019.
Le président namibien et chef du parti SWAPO, Hage Geingob (à g.), vote à Windhoek, en Namibie, lors des élections du pays, mercredi 27 novembre 2019.

Il n'est donc pas surprenant que le parti SWAPO ait subi les pertes les plus importantes de son histoire lors des élections locales et régionales de 2020. Le scrutin, qui a eu lieu le 25 novembre, n'a fait que souligner les signes du déclin du parti au pouvoir. Des signes qui étaient déjà visibles lors de l'élection présidentielle de 2019, où le président Hage Geingob a été réélu avec une majorité beaucoup plus faible qu'en 2015.

Pour la première fois aussi, le parti SWAPO n'a pas pu obtenir les deux tiers des voix au Parlement. Une reconfiguration politique pourrait être en cours ? Un parti à surveiller : le Mouvement des sans-terre (Landless People's Movement).

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