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Pour l’église sud-africaine de Gabola, où louanges et whisky vont de pair, le confinement strict est une persécution


Tsietsi Makiti, le pape de l'église Gabola en Afrique du Sud, lors d'un culte en juin 2020. (Photo REUTERS/capture d'écran)
Tsietsi Makiti, le pape de l'église Gabola en Afrique du Sud, lors d'un culte en juin 2020. (Photo REUTERS/capture d'écran)

Lorsque l'Afrique du Sud a commencé à assouplir son confinement strict en mai, les autorités ont permis aux lieux de culte de se rassembler à nouveau avec 50 personnes au maximum.

Mais les autorités ont maintenu l'interdiction de se réunir pour boire de l'alcool, ce qui crée un casse-tête pour l'église de Gabola, qui signifie "boire" en langue tswana.

Dans cette église fondée il y a environ deux ans, on loue le ciel tout en sirotant de boissons alcoolisées. Histoire de voir plus clair dans les mystères divins.

Que ce soit du vin, de la bière ou du scotch, boire fait partie intégrale du culte.

Au début, l'église a essayé de tenir ses réunions habituelles dans les bars locaux, appelés shebeens, pour louer Dieu tout en buvant du whisky. Mais les fidèles ont rapidement été arrêtés, selon son "pape" autoproclamé, Tsietsi Makiti, 55 ans.

"Ils peuvent nous arrêter jusqu'à ce que Jésus revienne", a déclaré Makiti, accoutré comme tout autre évêque, à un détail près : une bouteille miniature de spiritueux est accrochée à sa mitre.

Pour éviter des accrochages répétitifs avec les autorités, leur culte se déplace désormais d’un lieu à un autre.

Dimanche dernier, les fidèles se sont réunis dans un champ à Evaton, au sud de Johannesburg.

Dès l’entame du culte, le pape a béni des bouteilles de bière, avant que les fidèles s’en abreuvent.

"A l'église de Gabola, chacun vient avec sa boisson préférée, et le pasteur invoque une bénédiction pour qu'elle ne soit pas toxique pour le corps", précise le prélat.

"Les gens me traitent d'ivrogne", déclare une adoratrice, âgée de 38 ans, membre de l'église depuis mars. "Je suis d'accord avec eux. Je fais le travail de Dieu tout en buvant", explique-t-elle.

A part leur objection à l’interdiction de consommer l'alcool, les fidèles de Gabola respectent toutes les autres règles de prévention relatives au coronavirus, notamment la limite de 50 personnes, l'espacement des chaises et l'utilisation de désinfectants pour les mains.

Si certaines sectes protestantes enseignent que l'alcool est un péché et qu'il faut l'éviter, la plupart des églises chrétiennes traditionnelles ne sont pas opposées à une consommation modérée d'alcool. D’après l’évangile selon Saint Jean, le premier miracle de Jésus était de transformer l'eau en vin lors d'un mariage.

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