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La faim pour les mineurs non accompagnés venus d'Afrique subsaharienne en France


De jeunes migrants attendent la distribution de nourriture près du camp de réfugiés de Calais, en France, le 23 août 2017.
De jeunes migrants attendent la distribution de nourriture près du camp de réfugiés de Calais, en France, le 23 août 2017.

Une part de plus en plus importante de mineurs, particulièrement des mineurs non accompagnés venus d'Afrique subsaharienne, est accueillie dans les centres de soins en France de Médecins du Monde (MdM).

La proportion de mineurs reçus dans les quinze centres de MdM en France n'a jamais été aussi grande que l'an dernier: ils représentaient plus de 14% des personnes accueillies (3.477 sur 24.338), contre 12,8% en 2016.

L'âge moyen de l'ensemble de ces mineurs est de 10 ans et "un quart a moins de 5 ans", souligne l'ONG, selon laquelle plus de 96% sont étrangers. Près de la moitié viennent d'Afrique subsaharienne et plus du tiers vit à la rue.

Parmi eux, le nombre de mineurs non accompagnés a explosé: ils étaient 1.700 à être accueillis par Médecins du Monde en 2017, contre 600 en 2016.

Pour cette catégorie de jeunes, toute la difficulté est d'évaluer leur âge et de savoir s'ils sont vraiment mineurs. Cela pousse l'ONG à dénoncer un "climat de suspicion" et une "remise en cause de la parole" de ces jeunes, qui doivent bénéficier, selon elle, d'une "présomption de minorité".

"Ils sont livrés à eux-mêmes, ils errent et sont sans protection car l'Aide sociale à l'enfance est saturée", a expliqué le docteur Christian Bensimon, directeur du centre de Saint-Denis (région parisienne) lors d'une conférence de presse.

Ces mineurs non accompagnés sont en quasi-totalité des garçons de 15 à 17 ans et plus des deux tiers sont en France depuis moins de trois mois. Neuf sur dix viennent d'Afrique subsaharienne, notamment de la Guinée, la Côte d'Ivoire, et du Mali.

L’urgence d’une prise en charge et d’une protection des mineurs

Yannick Le Bihan, directeur des opérations France de Médecins du Monde estime que "de plus en plus de ces mineurs quittent leur pays, leur famille". Ils se retrouvent donc seuls et exposés à plusieurs dangers.

"Particulièrement vulnérables en raison de leur âge et de leur isolement, ces enfants et adolescents constituent un public fragilisé, sont surexposé à des risques sanitaires, d'exploitation et de violences", juge MdM dans son rapport.

Le docteur Bensimon cite ainsi le cas d'une mineure non accompagnée venue d'Afrique reçue récemment dans son centre, qui "avait été violée et était enceinte".

Médecins du Monde souhaite que tous ceux qui se présentent comme des mineurs non accompagnés puissent bénéficier d'un "véritable dispositif d'accueil" incluant, entre autres, l’hébergement, la nourriture et les soins de santé.

Au-delà des mineurs, ce 18ème rapport sur l'accès aux droits et aux soins des plus démunis rappelle que "les plus précaires sont aussi les plus mal soignés".

Publié à la veille de la Journée mondiale du refus de la misère, mercredi, il plaide pour "un accès simplifié et sans obstacle à l'assurance maladie pour tous".

"Il y a trois grands groupes de pathologies: les pathologies de la rue (mal de dos, problèmes digestifs, cutanés, respiratoires), les maladies chroniques et les pathologies de santé mentale (dépression, syndromes post-traumatiques liés à la migration)", souligne le docteur Bensimon.

Selon l'ONG, près de la moitié (49,4%) des patients précaires reçus en consultation l'an passé présentaient "un retard de recours aux soins" et 38,6% nécessitaient "des soins urgents ou assez urgents".

Avec AFP

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