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Réactions internationales après la victoire d'Erdogan


Le président turc Erdogan prononce un discours à Istanbul, le 16 avril 2017.
Le président turc Erdogan prononce un discours à Istanbul, le 16 avril 2017.

La campagne pour le référendum en Turquie sur le renforcement des pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan s'est déroulée dans des conditions inéquitables selon une mission commune d'observateurs de l'OSCE et du Conseil de l'Europe. La chancelière allemande Angela Merkel a, quant à elle, appelé le président turc Recep Tayyip Erdogan à chercher "un dialogue respectueux".

"Le référendum s'est déroulé sur un terrain inégal et les deux camps en campagne n'ont pas bénéficié des mêmes opportunités", a déclaré Cezar Florin Preda, le chef de la délégation de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE).

La campagne pour le référendum a été marquée par une large domination du camp du "oui" dans l'espace public et les médias, pour la plupart acquis au président Erdogan.

"Des modifications tardives dans la procédure de comptage (des voix) ont supprimé un important garde-fou" contre les fraudes, a par ailleurs relevé Cezar Florin Preda, faisant allusion à la décision des autorités électorales d'accepter les bulletins non estampillés du sceau officiel.

Les deux principaux partis de l'opposition turque, le CHP (social-démocrate) et le HDP (prokurde), ont dénoncé cette mesure prise par le Haut-Conseil électoral (YSK) de valider ces bulletins, annonçant leur intention de déposer un recours.

"Nous ne parlons pas de fraudes. Nous n'avons aucune information sur ce sujet", a souligné M. Preda, ajoutant que cela ne relevait "pas de notre compétence".

"Globalement, le référendum n'a pas été à la hauteur des critères du Conseil de l'Europe", a-t-il toutefois noté, avant d'ajouter que "le cadre légal était inadéquat" s'agissant d'obtenir "un processus véritablement démocratique".

Le responsable de l'APCE a notamment relevé le fait que le référendum avait été organisé en plein état d'urgence, en vigueur depuis un putsch avorté en juillet.

Tana De Zulueta, de la délégation de l'OSCE, a déclaré que la campagne avait été "ternie par de hauts responsables qui ont assimilé les partisans du non à des sympathisants des terroristes".

Le président Erdogan a plusieurs fois dit pendant la campagne que les partisans du "non" au référendum faisaient le jeu des "organisations terroristes" et des putschistes.

Merkel appelle Erdogan à "un dialogue respectueux"

La chancelière Angela Merkel à Berlin, le 5 avril 2017.
La chancelière Angela Merkel à Berlin, le 5 avril 2017.

"Le gouvernement (allemand) attend que le gouvernement turc, après une campagne électorale dure, cherche maintenant un dialogue respectueux avec toutes les forces politiques et dans la société", a souligné la chancelière dans une courte déclaration conjointe avec son ministre des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel.

Berlin a dit "prendre acte" du résultat provisoire du vote qui a vu le "oui" l'emporter avec 51,37% après dépouillement desbulletins dans 99,45% des urnes.

Le gouvernement allemand "respecte la droit des Turcs et des Turques de décider de leur Constitution", ajoute-t-elle, tout en soulignant que "le résultat serré montre à quel point la société turque est profondément divisée".

"Cela signifie une grande responsabilité pour les dirigeants turcs et pour le président Erdogan personnellement", poursuit-elle alors que le chef de l'Etat turc a mené une violente campagne verbale contre les dirigeants allemands après l'interdiction de meetings électoraux pro-Erdogan en Allemagne.

Berlin a également appelé à "des discussions politiques le plus vite possible" avec Ankara "aussi bien au niveau bilatéral qu'entre les institutions européennes et la Turquie".

Dans une déclaration au quotidien Bild à paraître mardi, le chef de la diplomatie a cependant jugé que le rétablissement éventuel de la peine de mort serait "synonyme de la fin du rêve d'Europe" pour la Turquie, soit la fin des négociations d'adhésion à l'Union européenne.

"La Turquie ne devrait pas s'éloigner encore plus de l'Europe, et ce d'abord dans son propre intérêt", a poursuivi M. Gabriel.

"Des décisions (concernant son adhésion) ne sont pas à l'ordre du jour avant longtemps, à l'heure actuelle une adhésion n'irait pas de toute façon", a-t-il tempéré estimant que c'est à la Turquie de décider dans quelle direction elle veut aller.

Angela Merkel a également dit attendre les premières évaluations des observateurs de l'OSCE et du Conseil de l'Europe sur le déroulement du scrutin. Elle a toutefois rappelé "les sérieux doutes" exprimés par le Conseil de l'Europe et l'OSCE concernant ce référendum.

L'Allemagne entretient des liens étroits avec la Turquie notamment car elle abrite la plus grande diaspora turque au monde. Mais leurs relations se sont envenimées en particulier durant la campagne pour le référendum.

Avec AFP

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