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Euro-2016 - Allemagne : le "faux neuf" sur le banc des accusés


L’équipe nationale allemande, 14 novembre 2014
L’équipe nationale allemande, 14 novembre 2014

Si l'Allemagne a toujours de bonnes chances de terminer première du groupe C de l'Euro-2016, elle inquiète offensivement et la tactique du "faux neuf" prônée depuis plusieurs mois par Joachim Löw est montrée du doigt.

Tenue en échec 0-0 par une Pologne qui a eu deux grosses occasions de l'emporter, la Mannschaft reste en tête avant la dernière journée qui décidera du classement du groupe et donc de la difficulté du parcours à venir.

Mais les champions du monde ne sont pas dupes. Après deux matches, leur bilan offensif est assez affligeant: très peu d'occasions dans le jeu et deux buts marqués sur coup de pied arrêté et sur une contre-attaque dans les arrêts de jeu contre l'Ukraine.

Auteur d'une excellente prestation défensive, le stoppeur Jerome Boateng a été très sévère avec ses coéquipiers offensifs.

"On a gagné aucun duel devant, on a manqué de mouvement, on joue bien jusqu'au dernier tiers du terrain, mais à partir de là, on n'arrive pas à éliminer l'adversaire et on n'est pas dangereux. On doit s'améliorer, sinon on n'ira pas loin. Il faut plus de courses, s'investir davantage", a-t-il analysé à chaud.

Face à une défense polonaise très compacte et remarquablement organisée, l'attaque allemande a été complètement étouffée, du fait de son manque dramatique de vitesse et de précision dans les enchaînements.

"Rentrer dans le but balle au pied"

A ces lacunes, inhabituelles pour une sélection qui compte avec Mario Götze, Mesut Özil, Thomas Müller et Julian Draxler d'excellents techniciens, s'ajoute un manque de percussion.

On n'a guère vu de frappes de loin, pourtant très utiles pour faire sortir une défense regroupée et ouvrir des espaces.

"Le point faible de cette équipe, c'est qu'ils veulent tout faire de jolie manière et rentrer dans le but balle au pied", a commenté dans Bild Michael Ballack, ancien capitaine de la Mannschaft.

La tactique du "faux neuf", l'organisation préférée de Joachim Löw depuis deux ans et inspirée par l'Espagne, est ouvertement montrée du doigt.

L'Allemagne semble s'enliser à l'approche de la surface de réparation et ses attaques finissent par ressembler à du hand-ball, avec de longues séquences de passes latérales d'une aile l'autre, pour chercher la faille.

Ce changement tactique était avant tout une réponse pragmatique à la retraite internationale de Miroslav Klose, dont l'absence se fait cruellement sentir en pointe, et aussi à la parade trouvée par ses adversaires pour gêner la Mannschaft.

Mais l'Allemagne ne sait même plus jouer avec un "vrai" neuf. La rentrée tout à fait anonyme de Mario Gomez, qui n'a touché que très peu de ballons pendant les 18 minutes disputées jeudi, en atteste.

"Manque de caractère"

Avec un troisième match décisif mardi contre une Irlande du Nord relancée par sa victoire sur l'Ukraine 2-0, et qui rêve à une qualification pour les huitièmes de finale, des ajustements rapides s'imposent.

La solution la plus évidente serait sans doute de sacrifier Draxler pour mettre Gomez en avant-centre. Götze, englué dans l'axe depuis deux matches, serait décalé sur la gauche, où sa vitesse et ses dribbles trouveraient un terrain plus propice.

Intervertir Özil et Müller pourrait aussi être une bonne idée, car c'est dans l'axe que l'attaquant du Bayern est le plus dangereux. Et même si le meneur de jeu d'Arsenal préfère l'axe, sa capacité à repiquer au centre avec son pied gauche pourrait être intéressante s'il était aligné à droite.

"Parfois, il faut juste se concentrer sur le fait de gagner", a encore appuyé Ballack, jugeant que l'équipe allemande "manque un peu de caractère et de personnalité".

Un petit supplément d'âme que pourrait amener Bastian Schweinsteiger, s'il retrouve une condition physique suffisante.

Mais après dix années de mue footballistique sous l'impulsion de Löw, comme adjoint de Klinsmann, puis comme sélectionneur, qui a envie de retrouver l'Allemagne des années 1990 ? Ennuyeuse au possible, mais "qui gagne à la fin", comme le disait Gary Lineker.

Avec AFP

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