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Nigeria : la Cour de justice de la Cédéao qualifie d'"illégale" la détention d'un proche de l'ex-président


Les présidents et chef des gouvernements des Etats d'Afrique de l'Ouest réunis lors de la 48e session ordinaire de la CEDEAO à Abuja, au Nigeria, 16 décembre 2015.
Les présidents et chef des gouvernements des Etats d'Afrique de l'Ouest réunis lors de la 48e session ordinaire de la CEDEAO à Abuja, au Nigeria, 16 décembre 2015.

La Cour de justice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a qualifié mardi d'"illégale" la détention prolongée de l'ancien conseiller pour la sécurité nationale nigérian, une affaire pourtant emblématique de la lutte anti-corruption menée par le président Buhari.

La Cour régionale estime que "l'arrestation, l'incarcération et la détention prolongée (de Sambo Dasuki) depuis le 5 novembre 2015 (...)" est "illégale, arbitraire et viole les lois internationales", selon un communiqué de la Cour, qui siège dans la capitale nigériane Abuja.

Le président Muhammadu Buhari, qui a succédé à son opposant Goodluck Jonathan en 2015, a lancé une vaste campagne anti-corruption visant les proches du gouvernement précédent.

Le colonel Sambo Dasuki, 60 ans, est un ex-conseiller pour la sécurité nationale de M. Jonathan. Il est poursuivi pour trois affaires différentes, dans un scandale portant sur un détournement de deux milliards de dollars de fonds qui auraient dû être alloués à la Défense, mais ont servi à payer la campagne de M. Jonathan, alors que le pays souffrait de l'insurrection du groupe jihadiste Boko Haram.

Cette insurrection a fait plus de 20.000 morts et 2,6 millions de déplacés depuis 2009, et a atteint son pic en 2013, lors de la précédente administration.

M. Dasuki est également accusé de détention illégale d'armes à feu, de blanchiment d'argent et est devenu le symbole du combat contre la corruption du président Buhari.

Le colonel a été maintenu en détention par les services de renseignements (DSS) depuis son arrestation, en décembre dernier, malgré trois demandes de libération sous caution prononcées par différents tribunaux du pays, et en attendant son procès qui devrait débuter le 19 octobre.

La Cour de justice réclame la "libération" de M. Dasuki et que sa propriété saisie en juillet 2015 lui soit "restituée", selon les documents judiciaires que l'AFP a pu consulter. Cette Cour ordonne également au gouvernement nigérian de payer 15 millions de nairas (43.000 euros) à M. Dasuki de dommages et intérêts.

Trois grandes figures nigérianes sont actuellement incarcérées, alors que des juges ont demandé leur libération sous caution: M. Dasuki, le militant pro-Biafra Nnamadi Kanu et le leader chiite Zakzaky.

La Commission nigériane pour les crimes économiques et financiers (EFCC) est plus active que jamais pour dénoncer des affaires de corruption. Mais pour l'instant, peu de suspects ont été jugés.

Des critiques ont commencé à émerger sur le fait que la "guerre contre la corruption" de M. Buhari est particulièrement ciblée sur les membres du parti de M. Jonathan (PDP) - sans jamais le viser lui directement -, certains y voyant une manière de faire taire ses opposants.

Avec AFP

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