Violences au Burundi : les taxis-motos interdits de circuler dans le centre de Bujumbura

Patrouille de police après une attaque à la grenade à Bujumbura, le 3 février 2016. (REUTERS/Jean Pierre Aime Harerimama)

"Après avoir fait le constat que ce sont ces taxis-motos qui transportaient souvent les criminels qui font exploser des grenades dans la ville, nous avons décidé d'interdire leur circulation", a expliqué le maire.

Les motos-taxis sont interdits de circulation dans le centre de Bujumbura à partir de mardi, a annoncé à l'AFP le maire de la capitale du Burundi, au lendemain d'une série d'explosions de grenades qui ont fait un mort et une trentaine de blessés.

"Après avoir fait le constat que ce sont ces taxis-motos qui transportaient souvent les criminels qui font exploser des grenades dans la ville, nous avons décidé d'interdire leur circulation dans le centre de Bujumbura à partir d'aujourd'hui", a déclaré Freddy Mbonimpa.

Cette interdiction couvre les quartiers de la commune de Mukaza, au centre de Bujumbura, délimitée par les rivières Ntatangwa au nord et Muha au sud.

La décision a été prise lundi lors d'une réunion d'urgence des responsables administratifs et sécuritaires de Bujumbura, après les explosions d'au moins cinq grenades dans plusieurs quartiers de la capitale qui ont causé la mort d'un enfant et blessé une trentaine de personnes.

"Après les grenades d'hier, tout le monde a peur. La tension est palpable partout et on sent que les forces de l'ordre sont très nerveuses, car ce sont elles qui sont souvent visées par ces attaques", a réagi un habitant de Bujumbura interrogé par l'AFP et qui a demandé à rester anonyme.

Mardi, de nombreux soldats et policiers patrouillaient dans les rues et fouillaient les véhicules qui traversaient les différents ponts reliant les trois communes de Bujumbura. Des fouilles se sont également étendues aux piétons.

"La police a découvert que les criminels transportaient souvent les grenades dans des sachets ou des paniers, comme des domestiques revenant du marché et donc tout le monde peut être fouillé à tout moment", a confirmé M. Mbonimpa.

Plusieurs habitants de Bujumbura, contactés par téléphone, ont assuré que les gens "mouraient de peur" après "la journée la plus violente" depuis plus de deux mois. Ils ont dénoncé une multiplication des "rafles" de jeunes gens dans les quartiers contestataires par les forces de l'ordre, depuis lundi.

Après un début d'année plutôt calme, Bujumbura a connu une recrudescence d'attaques à la grenade, devenues quasi-quotidiennes depuis début février. Le pouvoir et l'opposition se rejettent mutuellement la responsabilité de ces "attaques terroristes", qui ne sont jamais revendiquées.

Le pays est plongé dans une profonde crise politique depuis la candidature fin avril 2015 du président Pierre Nkurunziza - réélu en juillet - à un troisième mandat, que l'opposition, la société civile et une partie de son camp jugent contraire à la Constitution et à l'Accord d'Arusha, qui avait mis fin à la guerre civile (1993-2006).

AFP