Le gouvernement tunisien demande l'interdiction d'un groupe radical

Des militants du groupe islamiste Hizb ut-Tahrir, en Ukraine, le 6 juin 2013.

Le gouvernement tunisien a saisi la justice militaire pour faire interdire le parti islamiste radical Hizb ut-Tahrir, régulièrement accusé de "troubles à l'ordre public" depuis sa légalisation dans le sillage de la révolution, a indiqué mercredi un responsable.

"Une demande d'interdiction a été déposée ces derniers jours. Nous sommes dans l'attente de la décision du juge d'instruction militaire", a dit à l'AFP, sous couvert de l'anonymat, ce responsable à la présidence du gouvernement.

Selon lui, le jugement est imminent et concerne une interdiction pure et simple de Hizb ut-Tahrir. Ce parti, qui prône l'instauration d'un califat et de la charia, avait fait l'objet mi-août d'une suspension d'un mois par la justice civile, mais cette décision avait été annulée en appel pour "vice de forme".

Après avoir obtenu gain de cause, Hizb ut-Tahrir avait publié un communiqué dans lequel il fustigeait à nouveau un "harcèlement policier" à son encontre et proférait des menaces.

"Que ce gouvernement, ses criminels et ses maîtres anglais (anglo-saxons, ndlr) sachent que leur heure est arrivée et qu'il y aura des têtes et des mains qui seront coupées", avait-il notamment dit.

Même si le mouvement est revenu sur ses propos, le président Béji Caïd Essebsi a vivement dénoncé Hizb ut-Tahrir la semaine dernière devant le conseil de sécurité nationale.

"Désormais, ils menacent de couper vos têtes et vos mains. Qu'est-ce qu'on fait? (...) Il faut trouver une solution parce que leur outrecuidance envers l'Etat sape son autorité", a clamé M. Caïd Essebsi.

Créé au début des années 1980, Hizb ut-Tahrir n'a été légalisé qu'en 2012, après la révolution contre la dictature de Zine El Abidine Ben Ali.

Depuis, ce parti est fréquemment accusé de troubles à l'ordre public. En juin, son congrès annuel a été interdit pour "raisons de sécurité", en vertu de l'état d'urgence en vigueur dans le pays depuis une vague d'attaques jihadistes sanglantes.

"Il s'agit d'un parti qui ne reconnaît pas le caractère civil de l'Etat", avait notamment fait valoir le ministre de l'Intérieur, Hédi Majdoub.

Avec AFP