Tunisie/homosexualité: un mois de prison en appel pour six étudiants

Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a rejeté une dépénalisation de l'homosexualité en Tunisie.

Ces six hommes de 19 à 23 ans, interpellés en décembre après avoir "été dénoncés par des voisins" et qui avaient été condamnés à trois ans de prison ferme, ont donc vu leur peine réduite, selon leur avocate.

Six étudiants tunisiens qui avaient été condamnés pour "homosexualité" à trois ans de prison ferme et cinq ans d'interdiction de séjour à Kairouan (centre) ont vu leur peine réduite à un mois ferme jeudi en appel, a-t-on appris auprès de leur avocate.

Outre ce mois d'emprisonnement, qu'ils ont déjà purgé, ils écopent d'une amende de 400 dinars (180 euros) chacun, a indiqué à l'AFP Me Fadwa Braham. La peine d'interdiction de séjour, elle, n'a pas été retenue par la Cour d'appel de Sousse.

Les six étudiants avaient déjà été remis en liberté provisoire début janvier, en échange d'une caution de 500 dinars chacun (230 euros).

Selon Me Braham, quatre d'entre eux envisagent néanmoins de saisir la Cour de cassation.

Interpellés début décembre après avoir "été dénoncés par des voisins", ces six hommes de 19 à 23 ans avait été condamnés en première instance à Kairouan à trois ans de prison, soit la peine maximale au titre de l'article 230 du code pénal, ainsi qu'à cinq ans d'interdiction de séjour dans cette ville, applicable à partir de leur sortie de prison.

Outre leurs aveux, des vidéos avaient été retrouvées sur l'ordinateur d'un prévenu, qui avait également écopé en première instance d'une peine de six mois de prison pour "atteinte à la pudeur".

Selon leurs avocats, ils ont subi un examen anal durant leur détention préventive.

Ce jugement de première instance avait été vivement critiqué par des ONG nationales et internationales. Celles-ci réclament l'abrogation de l'article 230 du code pénal qui punit de trois ans de prison la "sodomie" et le "lesbianisme". Elles dénoncent aussi le recours à l'examen anal, une pratique qualifiée de "dégradante" et "inhumaine".

Lors d'un entretien début octobre avec une chaîne égyptienne, le président tunisien Béji Caïd Essebsi avait rejeté une dépénalisation de l'homosexualité en Tunisie. L'abrogation de l'article 230 "n'aura pas lieu, je refuse cela", avait-il martelé.

Quelques semaines plus tôt, un autre étudiant tunisien avait été condamné à un an de prison pour "homosexualité" dans la région de Sousse, après avoir lui aussi subi un examen anal. Remis en liberté début novembre, il a ensuite vu sa peine réduite à deux mois de prison, une période déjà purgée.

Avec AFP