Les Forces démocratiques syriennes aux portes de la ville de Tabqa

Hôpital bombardé dans le village de Deir al-Sharqi dans la province d'Idlib, en Syrie, le 27 avril 2017.

Les combattants soutenus par les Etats-Unis en Syrie pourchassaient lundi les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) dans leurs derniers retranchements à Tabqa, un verrou en direction de Raqa, leur principal fief dans le pays en guerre.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes, contrôlent désormais 80% de Tabqa, et ont arraché un large drapeau de l'EI qui flottait dans cette ville du nord syrien.

Soutenues dans les airs par la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis et au sol par des conseillers militaires américains, les FDS ont lancé le 6 novembre une vaste offensive pour reprendre Raqa. Elles ont depuis réussi à s'emparer de portions de territoire en direction de cette "capitale" de l'EI en Syrie.

Tabqa, où les FDS sont entrées il y a une semaine, constitue une importante ligne de défense pour Raqa, située à 55 km plus au nord-est, et chef-lieu de la province du même nom contrôlée en majorité par l'EI depuis 2014.

Les combattants kurdes et arabes de Syrie progressent dans Tabqa du sud vers le nord, acculant l'EI dans deux quartiers contigus sur les rives du fleuve Euphrate, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

"Les FDS contrôlent désormais plus de 80% de Tabqa. L'EI ne tient plus que les quartiers de Wahda et Hourriya", où des combats ont lieu, a-t-il précisé.

Selon l'ONG, 35 jihadistes ont péri ces dernières 24 heures dans la bataille. Aucun bilan n'était disponible sur les pertes des FDS.

'Daech est fini'

Au rond-point al-Alam, dans l'ouest de Tabqa, un combattant des FDS monte sur une échelle adossée à un poteau pour arracher le drapeau noir de l'EI flottant dans le ciel.

Il le jette sur la chaussée jonchée de gravats et d'ordures, à la joie de ses camarades.

"Nous allons accrocher notre drapeau, celui des FDS", indique à l'AFP un des combattants, Zaghros Kobané.

"Daech est fini", assure-t-il.

Tabqa avait servi de base de commandement à l'EI et abrité la principale prison du groupe extrémiste.

Des familles ont été vues en train de fuir l'avancée des FDS, emportant jerrycans, valises et couvertures.

Mais d'autres habitants ont décidé de rester dans les quartiers pris par l'alliance arabo-kurde. Des femmes et des enfants observaient craintivement les combattants des FDS de leur cour dans le centre de Tabqa.

La ville est située près d'un important barrage toujours contrôlé par l'EI. Pour le contourner, les FDS utilisent des embarcations de fortune sur le lac Assad, un énorme réservoir créé sur l'Euphrate, pour ravitailler leurs compagnons d'armes.

Nouvelles tactiques

Selon le commandant Jako Zerkeh, les FDS ont utilisé de nouvelles tactiques -le ravitaillement via le lac Assad et le pont aérien derrière les lignes ennemies- pour lancer l'offensive.

"Cela a été une énorme surprise pour les jihadistes et a détruit leur moral. Des dizaines de jihadistes se sont rendus. Il y a eu plus de redditions que dans aucune autre ville", a-t-il ajouté.

Dimanche, un correspondant de l'AFP à Tabqa a vu des membres des FDS garder un groupe d'hommes barbus aux yeux bandés, présentés comme des jihadistes.

A Washington, le Pentagone a annoncé que les frappes de la coalition internationale contre l'EI avaient tué 352 civils par erreur depuis 2014 en Syrie et en Irak voisin. Mais leur nombre serait plus élevé selon des groupes de défense des droits de l'Homme.

L'ONU a pour sa part indiqué qu'un groupe de travail chargé d'identifier les personnes coupables d'atrocités en Syrie doit commencer ses activités prochainement, première étape vers la poursuite en justice des responsables de crimes de guerre.

L'ONG Human Rights Watch a elle affirmé que l'armée syrienne avait utilisé des gaz neurotoxiques dans l'attaque présumée sur la ville rebelle de Khan Cheikhoun (plus de 80 morts) début avril et lors de trois autres offensives qui lui sont imputées.

La guerre en Syrie, déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques prodémocratie, est un conflit complexe dans lequel sont impliqués régime, rebelles, jihadistes, milices et groupes régionaux ainsi que des grandes puissances sur un terrain de plus en plus morcelé.

La guerre a fait plus de 320.000 morts et jeté sur les routes plus de la moitié des quelque 22 millions d'habitants.

Avec AFP