L'Instance Vérité et Dignité (IVD) a été instaurée en 2014 pour rendre justice aux victimes de torture, meurtres, viols et de corruption entre 1953 et 2013 mais se heurte depuis plusieurs mois à l'opposition du pouvoir, qui compte des membres de l'ancienne administration.
Et le 26 mars, le Parlement s'était prononcé, lors d'un débat houleux, contre la prolongation du mandat de cette instance qui doit expirer le 31 mai prochain.
>> Lire aussi : D'anciens ministres de Ben Ali bientôt jugés pour torture
Dans un communiqué commun, 24 ONG tunisiennes ont exprimé leur "indignation envers les violations commises lors de cette séance (...) qui a conduit au vote en l'absence du quorum requis".
Elles ont demandé au Parlement de ne pas entraver les travaux de l'IVD qui avait décidé en février de prolonger son mandat au-delà des quatre années initialement prévues et s'achevant le 31 mai, pour le faire durer jusqu'au 31 décembre.
Selon elles, cette période permettra à l'IVD "de terminer ses travaux et de préparer le rapport final".
Dans un communiqué séparé, Amnesty International a aussi dénoncé "les récentes tentatives d'obstruction" du Parlement qui visent, selon l'ONG, à "bloquer le processus qui consiste à rendre des comptes, que les victimes attendent depuis plusieurs décennies".
#Tunisie : Les tentatives visant à empêcher l’instance Vérité et Dignité de prolonger son travail de sept mois portent atteinte aux droits des victimes et menacent la justice transitionnellePour connaitre la position d%27Amnesty International: https://t.co/go7mw9dIc9 pic.twitter.com/Kepk0Cg2Jc
— Amnesty North Africa (@AINorthAfrica) 17 avril 2018
>> Lire aussi : L'instance chargée de juger la dictature poursuit ses travaux en Tunisie
"Les autorités doivent faire le nécessaire pour garantir la coopération des institutions de l'État avec l'IVD, au lieu de tenter de saborder ses activités", selon Amnesty.
"Si l'IVD ne peut disposer de suffisamment de temps et obtenir la coopération nécessaire pour saisir la justice de tous les cas éligibles de violations des droits humains, cela portera un coup dévastateur à la justice transitionnelle et au droit des victimes à la justice, à la vérité et à des réparations", a-t-elle estimé.
Mieux vaut tard que jamais : l%27Instance Vérité et Dignité de #Tunisie va juger non seulement les tortionnaires mais aussi les donneurs d%27ordre - ministres et le Président #BenAli lui même pour des #torture datant de 1991, a annoncé la Pte de l%27#IVD. https://t.co/i47nnXBApv pic.twitter.com/ONsP67hSgQ
— OMCT (@omctorg) 16 avril 2018
Le 13 avril, l'IVD a annoncé avoir transmis à la justice ses deux premiers dossiers, visant 47 personnes dont d'anciens ministres du dictateur Zine el Abidine Ben Ali.
Depuis le début de ses activités, cette instance a reçu plus de 62.000 dossiers de violations présumées des droits de l'Homme, et entendu environ 50.000 personnes.
Avec AFP