Sommet de l'Union africaine: conflits et libre-échange au menu

Photo de groupe des dirigeants lors de la 36e session ordinaire de la Conférence de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba, en Éthiopie, le 18 février 2023.

Au moins 35 présidents et quatre Premiers ministres devraient y prendre part. Le président des Comores, Azali Assoumani, a pris la présidence tournante.

Les chefs d’Etat africains sont rassemblés samedi à Addis Abeba pour un sommet de l'Union africaine (UA) consacré notamment aux violences meurtrières au Sahel et en RDC, qui préoccupent "profondément" l'ONU, et au projet de zone de libre-échange continentale.

Les crises alimentaires, alors que le continent est confronté à une sécheresse historique dans la Corne de l'Afrique, figurent également parmi les priorités au menu de ce 36e sommet de l'UA qui se tient au siège de l'organisation continentale (55 pays) à Addis Abeba.

Au moins 35 présidents et quatre Premiers ministres y participeront, selon le gouvernement éthiopien.

"L'Afrique a besoin d'action pour la paix", a exhorté devant l'assemblée de l'UA le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, évoquant notamment la situation au Sahel et dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC).

En amont du sommet, des échanges ont eu lieu vendredi sur la situation dans l'est de la RDC en proie aux groupes armés, notamment dans la zone frontalière du Rwanda, en présence notamment du chef de l'Etat congolais Félix Tshisekedi et de son homologue rwandais Paul Kagame.

Lors de cette réunion, des chefs d'Etat de la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC), constituée de sept pays, ont appelé à un "retrait de tous les groupes armés" d'ici le 30 mars.

A propos de l'Ethiopie, son Premier ministre, Abiy Ahmed, hôte du sommet, a loué devant l'assemblée l'accord de paix signé, sous l'égide de l'UA, entre son gouvernement et les rebelles de la région du Tigré, qui a permis selon M. Abiy, de faire "taire les armes".

Divergences

Autre sujet des discussions: la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlec), qui doit réunir 1,4 milliard de personnes et devenir le plus grand marché mondial en termes de population.

Le sommet portera notamment sur "l'accélération" de la Zlec, destinée à favoriser le commerce au sein du continent et attirer des investisseurs.

Pour l'heure, le commerce intra-africain ne représente que 15% des échanges totaux du continent.

Selon la Banque mondiale, d'ici 2035, l'accord permettrait de créer 18 millions d'emplois supplémentaires et "pourrait contribuer à sortir jusqu'à 50 millions de personnes de l'extrême pauvreté". Son PIB combiné s'établit à 3.400 milliards de dollars, selon l'ONU.

Mais des divergences demeurent sur le continent.

Tous les pays de l'UA, à l'exception de l'Erythrée, y ont adhéré, mais les discussions achoppent sur le calendrier des réductions des droits de douane, notamment pour les pays les moins développés.

M. Guterres a estimé que la Zlec "représente une voie véritablement transformatrice vers la création d'emplois et de nouvelles sources de prospérité pour les Africains".

Flambée des prix

Par ailleurs, Azali Assoumani, président des Comores, petit archipel de l'Océan indien d'environ 850.000 habitants, a pris la présidence tournante de l'UA, à la suite de Macky Sall, le chef de l'Etat sénégalais.

"Notre organisation vient de prouver au monde sa conviction que tous les pays ont les mêmes droits", s'est félicité le chef de l'Etat de 64 ans, qui a plaidé pour une "annulation totale" de la dette africaine.

Le président comorien "aura besoin du soutien d'autres dirigeants africains pour assumer son mandat, compte tenu du poids diplomatique limité du pays", note l'ONG International Crisis Group (ICG).

Avant de passer la main, le chef de l'Etat sénégalais a présenté un rapport sur les crises alimentaires, sur un continent durement touché par les conséquences - notamment la flambée des prix - de la guerre en Ukraine.

Autre dossier, le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, trois pays dirigés par des militaires issus de coups d'Etat, à la suite desquels ils ont été suspendus de l'UA, ont envoyé des délégations à Addis Abeba pour plaider la levée de ces suspensions.

Vendredi, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l'UA, avait déclaré à l'AFP que le conseil "paix et sécurité" de l'institution se réunirait, à une date non précisée, pour décider d'une éventuelle levée de la suspension de ces trois pays. Samedi, Moussa Faki Mahamat a affirmé que "ces sanctions ne semblent pas produire les résultats escomptés".