La RDC devant la commission des affaires étrangères américaine

L'acteur américain Ben Affleck, fondateur du projet Eastern Congo Initiative

« La RDC: préserver la paix en pleine tragédie » le thème était au centre de l’audience marquée par les témoignages notamment de Donald Yamamoto, le sous-secrétaire d'Etat adjoint américain chargé des Affaires africaines et l’acteur américain Ben Affleck

Comment mettre fin à la guerre, contenir les groupes armés et surtout mettre fin aux violences sexuelles dont sont victimes les femmes en RDC ?

Pour Donald Yamamoto «Le renforcement des capacités des institutions congolaises et le développement auront un impact majeur sur le bien-être des Congolais, la paix dans ce pays et sur le continent ».

Un milicien FDLR

Le sous-secrétaire d'Etat adjoint américain chargé des Affaires africaines a insisté sur la nécessité de sécuriser l’Est de la RDC toujours en proie aux attaques des groupes armés comme les FDLR et la LRA ougandaise auxquels plusieurs cas de viols sont attribués. Mr. Yamamoto a aussi rappelé que les Etats-Unis restent le partenaire de la RDC dans sa lutte contre l’impunité. « Washington continue d’aider à renforcer le système judiciaire congolais, la réforme de l’armée nationale, et nous suivons de très près le processus électoral en cours en vue de la prochaine présidentielle et législatives. La légitimité du prochain président et parlement congolais sera déterminée par la qualité de ces élections » a dit devant la commission Donald Yamamoto.

Des Congolaises manifestant contre le viol dans le Kivu

Francisca Vigaud-Walsh, conseillère auprès du Catholic relief Services sur les violences sexuelles, une ONG très active en RDC et qui travaille auprès des civils notamment dans les deux Kivus, a exposé la magnitude de ces violences et leurs répercussions sur les femmes et les communautés locales: « L’impact est énorme surtout dans une culture où les violences sexuelles ne sont pas chose courante. Certaines personnes disent peut-être que c’est culturel. Non, c’est faux. C’est une violation flagrante des droits humains. Ca détruit la famille, ca détruit le respect de soi de la femme, de la fille et de l’homme aussi puisqu’on parle de plus en plus de viols de garçons. Ca détruit la communauté et le traumatisme est ressenti sur le long terme »

Pour renverser la tendance, il est impératif, a insisté Mme Vigaud Walsh d’inclure les femmes, dans les prises de décisions et dans le processus politique. « Dans un pays où les femmes représentent au moins 54% de la population, on ne peut pas s’attendre à ce que ce soit une société et une culture politique dominée par les hommes. Les femmes ont une voix. En fait la RDC est le pays où la société civile est la plus dynamique et la plus importante », a plaidé Mme Vigaud-Walsh

La RDC devant la commission des affaires étrangères américaine

Le gouvernement américain peut faire plus a dit Francisca Vigaud Walsh pour contenir ces violences et répondre au contexte d’insécurité, de guerre, et de mauvaise gouvernance qui encourage les viols utilisés comme arme de guerre contre les civils dans l’Est du pays. Comment ? Washington qui fournit la logistique et un soutien en matière de renseignement aux armées de la sous région, pourrait se servir de cette carte pour amener le gouvernement de Kinshasa à respecter son mandat de protection des civils et de respect des droits de l’Homme.

Cindy McCain, l'épouse du sénateur John McCain à l'audience avec John Prendergrast de l'ONG Enough Project

L’acteur Ben Affleck, fondateur de l’ONG Eastern Congo Initiative a mis en garde les parlementaires américains contre une réduction de l’aide étrangère au pays qui risquerait de le faire basculer à nouveau dans la guerre. Il a également appelé les Etats-Unis a dépêché un envoyé spécial dans la région, à mettre en œuvre la loi Obama sur le Congo et à un effort redoublé pour stabiliser l’Est de la RDC où viols et violence se poursuivent.

Pour son projet RDC, le jeune acteur a fait équipe avec Cindy Mc Cain, épouse du sénateur John Mc Cain candidat malheureux de la présidentielle américaine qui a soutenu le plaidoyer de l’acteur devant la commission des affaires étrangère.

De son côté John Prendergast de l’ONG Enough Project estime que pour mettre fin au conflit le plus meurtrier depuis la 2ème guerre mondiale, qui génère toute ces violences il faut mettre fin au commerce illicite des minerais notamment par les groupes armés.

Le président Obama a promulgué une loi l’année dernière sur ce trafic, «Financial Reform Act». Elle exige des compagnies, dont les produits contiennent de la cassitérite, du coltan, du wolframite et de l’or, de faire clairement savoir si elles se procurent ces minerais en République démocratique du Congo (RDC) ou dans un pays voisin. Mais est-ce suffisant ?

«La prochaine étape pour le congrès est d’inciter l’administration Obama a créer un programme de certification, la même chose qu’avec les diamants du sang en Afrique de l’Ouest. Ca permettra d’assainir le système de l’intérieur en coupant les fonds aux groupes armés. Et on a besoin de la cheffe de la diplomatie Hillary Clinton pour diriger cette initiative », a lancé John Prendergast.

Franklin Katunda, un jeune congolais, rédacteur en chef du site web www.congoboston.com était décu. « le mapping report, le rapport de l'ONU sur les violences commises en RDC n'a pas été cité une seule fois! on a parlé de ce que les Etats-Unis ont fait, font et doivent faire. Il y a eu génocide et la communauté internationale doit faire quelque chose pour définir les responsabilités des uns et des autres», estime Franklin Katunda qui conclut que la MONUSCO a échoué dans la stabilisation de l'Est du pays et que l'AFRICOM doit prendre la relève.