Gaz lacrymogènes après l'hommage à Tshisekedi à Kinshasa

Etienne Tshisekedi saluant ses partisans à l'aéroport de Kinshasa, en RDC, 27 juillet 2016.

L'opposition congolaise et l'Eglise catholique ont été dispersées à coup de gaz lacrymogènes à Kinshasa, après un hommage rendu à l'opposant historique Etienne Tshisekedi, dont les futures obsèques et l'héritage politique ravivent l'interminable crise congolaise.

Après la messe organisée en l'honneur d'Etienne Tshisekedi, les militants de l'UDPS ont été dispersés avec des gaz lacrymogènes devant la Cathédrale Notre-Dame du Congo.

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Correspondance de Thierry Kambundi de Top Congo FM, notre radio partenaire à Kinshasa

Le fils d'Etienne Tshisekedi, Félix, était également à la messe pour rendre hommage à son père.

Un an après sa mort à Bruxelles, le corps de M. Tshisekedi attend toujours en Belgique son rapatriement et son inhumation en République démocratique du Congo où son fils Félix est le président du Rassemblement de l'opposition (Rassop) qui demande le départ du président Kabila.

"Une messe d'action de grâce à la cathédrale Notre-Dame" de Kinshasa était annoncée à 09h30 (08h30 GMT) par le parti de M. Tshisekedi, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), ainsi que des "activités politiques" à la permanence à 14h30 dans la commune de Limete, dans la capitale.

>> Lire aussi : L'héritage politique Etienne Tshisekedi, un an après sa mort

La famille Tshisekedi, sa veuve et l'UDPS annoncent aussi une autre messe samedi à Bruxelles, alors que les relations entre Kinshasa et Bruxelles sont très tendues.

Un autre parti revendiquant le nom de l'UDPS, celui du Premier ministre Bruno Tshibala, annonce également une messe dans une autre église de Kinshasa, jeudi à 15h00. M. Tshibala devrait s'y rendre, a assuré un de ses proches.

Le fils d'Etienne Tshisekedi, Felix, à la messe qui a rendu hommage à son père, à Kinshasa, le 1er février 2018.

Tout comme beaucoup cadres de l’UDPS, M. Mubake est à la tête d’une faction du part.

Ce 1er février, un an après son décès, Etienne Tshisekedi est encore au centre de plusieurs polémiques. Sa dépouille est toujours en Belgique, encore gardée dans une morgue par sa famille. Il serait même provisoirement enterré assurent certains politiciens se réclamant aussi de l’opposition comme Roger Lumbala, Willy Mishiki et autres. VOA Afrique n'a pas pu confirmer cette information indépendamment.

L’aile dure de son parti, l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social), et du Rassemblement, sa plate-forme politique ainsi que sa famille biologique, imputent au régime de Kabila le non-rapatriement de la dépouille d’Etienne Tshisekedi pour des funérailles et l’enterrement.

"Nous ne comprenons pas pourquoi M. Kabila bloque le rapatriement de la dépouille du président Tshisekedi. Comment peut-il considérer le cadavre du président Tshisekedi comme son opposant ? Il faut enterrer les morts car ils ne sont plus parties prenantes au processus. Je crois qu’il est urgent que cette question soit débloquée", a plaidé récemment l’un des membres de l’aile dure du Rassemblement, Delly Sesanga devant des reporters à Kinshasa.

Pour le porte-parole du gouvernement congolais, ce dernier "est disposé à faciliter le rapatriement de la dépouille d'Etienne Tshisekedi et lui offrir des funérailles dignes de son rang d'ancien Premier ministre. Nous ne pouvons pas forcer sa famille à nous donner son corps. C'est un problème que seule sa famille peut régler", explique M. Mende.

De son vivant, des centaines de milliers de personnes avaient salué le dernier retour à Kinshasa d'Etienne Tshisekedi, le 31 juillet 2016, avant son ultime voyage à Bruxelles où il partait se faire soigner en janvier 2017.

>> Lire aussi : "Faux", assure Lambert Mende sur VOA Afrique

'UDPS Limete vs UDPS Tshibala'

Juste avant sa mort, M. Tshisekedi avait supervisé l'accord politique de la Saint-Sylvestre 2016 avec la majorité au pouvoir, sous l'égide de la conférence épiscopale.

L'enjeu: trouver une issue à la crise liée au maintien du président Kabila au-delà de la fin de son deuxième et dernier mandat le 20 décembre 2016, après la répression sanglante de manifestations en septembre et décembre 2016.

L'accord prévoyait la nomination d'un Premier ministre issu des rangs de l'opposition, des mesures de "décrispation politique" et des élections au plus tard en décembre 2017.

La situation n'a pas cessé de se dégrader depuis la mort de M. Tshisekedi. Son fils et ses héritiers politiques ont contesté la procédure de nomination du nouveau Premier ministre, Bruno Tshibala, exclu des rangs de l'UDPS.

En réponse, M. Tshibala a été désigné lors d'un congrès en décembre président de "son" UDPS. La presse kinoise parle désormais de l'"UDPS-aile Limete" et de l'"UDPS-aile Tshibala". L'UDPS-Limete a annoncé son propre congrès en février.

Les élections en RDC ont finalement été reportées au 23 décembre 2018 par les autorités qui affirment que les violences au Kasaï (centre) ont retardé le recensement des électeurs.

M. Tshisekedi fils et d'autres opposants ont réclamé en vain une "transition sans Kabila".

>> Lire aussi : Mort d'Etienne Tshisekedi à l'âge de 84 ans

Leurs appels à des mobilisations diverses fin 2017 ont rencontré un écho limité en RDC où les autorités interdisent toute manifestation depuis septembre 2016.

La contestation du régime a repris de la vigueur avec les appels d'un comité laïc proche de l'Eglise catholique à des "marches pacifiques" les 31 décembre et 21 janvier, dont la répression a fait une quinzaine de morts d'après les Nations unies.

En plus d'annoncer la messe à la mémoire de son ex-président, l'"UDPS-Limete", dans un autre communiqué, "dénonce l'enlèvement de ses membres dont certains sont gardés dans les geôles du pouvoir", en donnant six noms.