RDC: des ONG contre la "répression" dans les provinces sous état de siège

Des commandants du groupe armé URDPC/CODECO traversent le village de Linga le 13 janvier 2022, dans la province de l'Ituri, au nord-est de la RDC.

Trente-sept ONG congolaises ont appelé mercredi "à la fin de la répression et au respect des droits humains" dans les provinces de l'est de la RDC placées depuis près d'un an sous état de siège.

"Nous sommes très inquiets de la dégradation de la situation des droits humains et des massacres continus dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri", écrivent les organisations dans une lettre ouverte au Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, actuellement en visite dans l'est avec plusieurs ministres pour une évaluation de l'état de siège.

Cette mesure exceptionnelle, en vigueur depuis le 6 mai 2021, a été décidée pour tenter de mettre fin aux violences des groupes armés actifs depuis plus de 25 ans dans la région. Elle a remplacé l'administration civile par l'armée et la police mais n'est pas parvenue jusqu'alors à ramener la paix.

"Loin de sécuriser la population civile, les autorités militaires ont restreint l'exercice des libertés publiques en réprimant des manifestations pacifiques, en procédant à des arrestations arbitraires, des intimidations, des passages à tabac, en lançant des poursuites judiciaires contre toutes les voix qui critiquent cette mesure ou appellent à la fin de l'état de siège", déplorent les ONG.

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"Au moins un activiste a été tué par les forces de sécurité lors d'une manifestation", écrivent-elles, en rappelant que 12 autres ont été condamnés récemment à un an de prison par un tribunal militaire de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu.

Elles ajoutent qu'un membre de l'opposition est détenu à Bunia (Ituri) pour avoir "critiqué l'état de siège sur les réseaux sociaux" et que deux parlementaires sont "toujours en détention, en attente d'un procès, pour avoir critiqué ou s'être opposés à l'état de siège".

Parmi leurs "recommandations" au Premier ministre, les ONG mentionnent la libération de ces personnes, des sanctions contre les militaires et policiers auteurs d'atteintes aux droits humains ou encore l'adoption d'une loi encadrant les modalités d'application de l'état de siège.