Poutine en Crimée pour les deux ans de l'annexion de la péninsule ukrainienne

Vladimir Putin s'adressant à des membres de son armée au Kremlin, Moscou, le 17 mars 2016. (Alexei Nikolsky/Sputnik, Kremlin Pool Photo via AP)

Le président Vladimir Poutine s'est rendu en Crimée vendredi pour le deuxième anniversaire de l'annexion de la péninsule ukrainienne, alors que le coup de force de Moscou continue de peser sur les relations entre les Occidentaux et la Russie.

M. Poutine est arrivé dans l'après-midi sur l'île de Touzla, au large de la péninsule, où il a inspecté les travaux de construction, pour environ 2,9 milliards d'euros, d'un pont au-dessus du détroit de Kertch qui devrait être achevé vers la fin 2018 afin de relier la Crimée et le sud de la Russie par voie terrestre.

"Des millions de personnes, je n'exagère rien, attendaient que cette justice historique soit faite et y pensaient", a-t-il déclaré, selon le Kremlin.

Au cours de sa visite, le président russe a participé à une réunion consacrée au développement économique de la péninsule qui souffre d'une inflation galopante et reste encore très dépendante de l'Ukraine, notamment pour ses approvisionnements en eau et en électricité.

Des concerts et des festivités publiques ont eu lieu vendredi un peu partout en Russie pour célébrer cet anniversaire.

A Moscou, des dizaines de milliers de personnes brandissant des drapeaux russes et des ballons colorés étaient réunies pour un concert des chanteurs populaires, organisé près de la place Rouge avec pour slogan "Nous sommes ensemble".

Cette annexion, considérée comme "illégale" par Kiev et les Occidentaux, est justifiée selon le Kremlin par un référendum controversé qui a vu 97% de votes favorables au rattachement à la Russie, mais tenu dans la péninsule sous l'oeil des forces armées russes qui avaient pris le contrôle du territoire.

L'Union européenne et les Etats-Unis avaient alors adopté une série de sanctions contre Moscou. L'UE a renouvelé ses sanctions début mars, jusqu'au 15 septembre.

Le président ukrainien Petro Porochenko a déploré vendredi le "deuxième anniversaire de l'annexion brutale de la Crimée".

"La Russie a montré qu'elle n'était pas prête à revenir aux moyens civilisés de mener des relations internationales", a-t-il estimé, dans une allusion au déplacement de M. Poutine en Crimée.

Washington a de son côté appelé une nouvelle fois mercredi Moscou à "mettre fin à l'occupation (de la péninsule) et à rendre la Crimée à l'Ukraine".

Près de 83% des Russes approuvent l'annexion de la Crimée, offerte à l'Ukraine par le dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev en 1954, selon un sondage du centre indépendant Levada paru en février.

Après l'annexion, les autorités de Crimée ont créé un "climat pervers de peur et de répression en Crimée", estime pour sa part l'ONG Human Rights Watch.

Les défenseurs des droits de l'Homme s'inquiètent notamment du traitement réservé par les autorités à la communauté des Tatars de Crimée, largement opposée à l'annexion russe, et de la pression exercée contre les journalistes et militants ukrainiens présents sur place.

Avec AFP