Polémique sur des textos entre une responsable de l'UE et le PDG de Pfizer

Un enfant reçoit le vaccin Pfizer lors d'une clinique de vaccination pour jeunes étudiants à la Ramsey Middle School, le samedi 13 novembre 2021 à Louisville, Kentucky.

La Commission européenne a été épinglée vendredi par la médiatrice de l'UE après son refus de transmettre à la presse des textos échangés par sa présidente avec le PDG de Pfizer sur les achats de vaccins contre le Covid-19.

La médiatrice, Emily O'Reilly, a demandé à ce que le cabinet d'Ursula von der Leyen procède à "une recherche plus approfondie" afin de retrouver ces messages et évaluer si leur contenu peut être révélé conformément aux règles de transparence applicables aux documents de l'UE.

La Commission va envisager une mise à jour de sa politique d'accès aux documents, a indiqué un porte-parole interrogé lors d'un point de presse vendredi, sans vouloir donner plus de détails.

Après un article du New York Times en avril 2021 rapportant que Mme von der Leyen avait échangé des SMS avec le patron de Pfizer, Albert Bourla, dans le cadre des négociations sur un contrat d'achat de vaccins contre le Covid-19, un journaliste avait demandé à la Commission l'accès aux textos et autres documents relatifs à ces discussions.

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L'exécutif européen, qui était en charge de négocier les achats de vaccins pour le compte des Etats membres, a accepté de lui transmettre trois documents (un email, une lettre et un communiqué de presse) mais aucun SMS.

"Aucune tentative n'a été faite pour identifier si les textos en question existaient. Cette façon d'agir ne répond pas aux attentes en matière de transparence", a critiqué la médiatrice, Emily O'Reilly, saisie par le journaliste.

Elle a donné jusqu'au 26 avril à la Commission pour répondre à ses recommandations, qui ne sont toutefois pas contraignantes.

L'exécutif européen avait indiqué qu'aucun enregistrement de ces messages n'avait été conservé, estimant que les textos n'étaient pas soumis aux règles sur la transparence des institutions européennes datant de 2001.

Dans le cadre de l'enquête déclenchée par la médiatrice, la Commission faisait valoir que ces messages sont "par nature des documents d'une courte durée de vie, qui ne contiennent en principe pas d'informations importantes relatives aux politiques, activités et décisions de la Commission".

Pour la médiatrice au contraire, "il est clair" que les textos "entrent dans le cadre de la législation européenne sur l'accès du public aux documents" et "le public peut y avoir accès s'ils concernent le travail de l'institution".

Elle a appelé l'administration européenne à faire évoluer ses pratiques en matière de conservation des documents pour prendre en compte les "moyens modernes de communication".

Plus de la moitié des 4,2 milliards de doses contre le Covid-19 achetées ou réservées par l'UE sont fournies par le duo américano-allemand Pfizer-BioNTech.

Les aspects clés des contrats passés avec les laboratoires, notamment les prix, sont confidentiels, ce qui a suscité des critiques d'eurodéputés et d'ONG.

"Cette affaire est plus importante qu'un simple échange de SMS", a estimé l'eurodéputée néerlandaise Sophie in't Veld (Renew Europe). "La Commission européenne est devenue moins transparente, moins responsable devant le Parlement européen et franchement plus déconnectée de la démocratie européenne", a-t-elle dénoncé, appelant le Parlement européen à réagir.