L'épouse du président zimbabwéen soupçonnée d'agression en Afrique du Sud

Le président zimbabwéen Robert Mugabe, centre gauche, son épouse Grace, au centre, et des membres de leur famille coupent le gâteau d'anniversaire à Matopos, dans la banlieue de Bulawayo, 25 février 2017.

L'influente première dame du Zimbabwe, Grace Mugabe, pressentie comme possible successeur de son mari, est sous le coup d'une plainte pour coups et blessures en Afrique du Sud, où elle est soupçonnée d'avoir agressé une top model dans un hôtel.

"Nous ne savons pas pour l'heure où elle se trouve (....), les négociations pour que le suspect se rende n'ont pas abouti", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police, Vishnu Naidoo, expliquant que les déclarations du ministre de la Police Fikile Mbalula avaient été prématurées.

"Le ministre de la Police avait été informé" que Grace Mugabe allait se présenter à la police dans la matinée, a ajouté Vishnu Naidoo. Lorsqu'il s'est exprimé devant la presse, "il savait que cela allait se produire, mais il a ensuite appris que cela ne s'était finalement pas concrétisé", a-t-il encore justifié.

Agression

Une de ses victimes présumées, âgée de 20 ans, assure qu'elle se trouvait avec des amis lorsque l'épouse du président zimbabwéen Robert Mugabe, qui se trouvait dans une chambre proche de la leur, est venue les agresser dimanche soir.

"On était tranquillement dans notre chambre et elle est arrivée pour nous frapper. J'ai le front ouvert. Je suis mannequin et je gagne de l'argent grâce à mon look", a raconté Gabriella Engels au quotidien sud-africain The Times.

Une photo circulant sur les réseaux sociaux montre la victime présumée avec une large coupure au milieu du front.

Selon une proche de Gabriella Engels qui a requis l'anonymat, Mme Mugabe cherchait ses deux fils qui se trouvaient en réalité dans la chambre voisine.

"On ne sait pas pourquoi elle est devenue si violente", a-t-elle déclaré à l'AFP.

Coopération avec la police?

Grace Mugabe "n'est pas en état d'arrestation car elle a coopéré et elle s'est présentée à la police", a tenu à préciser à la presse le ministre sud-africain de la Police Fikile Mbalula. Il a précisé qu'elle devait comparaître mardi après-midi devant un tribunal de Johannesburg.

"Les citoyens étrangers doivent comprendre qu'ils ont des responsabilités, surtout ceux qui ont des passeports diplomatiques. Je ne peux pas me rendre au Zimbabwe, tabasser quelqu'un et attende que l'affaire disparaisse", a justifié le ministre.

Le gouvernement zimbabwéen n'a pas immédiatement réagi mardi à cette affaire.

Selon plusieurs sources, le statut de première dame ne confère aucune immunité diplomatique à Grace Mugabe et elle peut être jugée comme n'importe quel citoyen.

L'Afrique du Sud est un allié du Zimbabwe qui refuse traditionnellement de s'immiscer dans la politique de son voisin.

Dans les années 2000, le président sud-africain de l'époque Thabo Mbeki avait été vivement critiqué pour sa "diplomatie du silence", à une époque où le Zimbabwe était ravagé par la violence des partisans de Robert Mugabe.

Grace Mugabe est présidente de la ligue des femmes de la ZANU-PF, le parti au pouvoir au Zimbabwe, et se trouvait en Afrique du Sud pour soigner une blessure au pied, selon les médias de son pays.

A 52 ans, elle est présentée comme une des favorites pour succéder à son mari à la tête du Zimbabwe.

Pour l'heure, Robert Mugabe, qui est à 93 ans le plus vieux dirigeant en exercice de la planète, n'a cependant pas l'intention de céder sa place: il est d'ores et déjà candidat à sa propre succession pour les élections de 2018.

Personnalité controversée, Grace Mugabe, mariée au président zimbabwéen depuis 1996, est régulièrement épinglée pour son goût pour les vêtements de luxe, les voyages et son implication supposée dans des scandales de corruption dans un pays plombé par une grave crise économique.

Elle s'est retrouvée épinglée l'an dernier dans une affaire de diamants. Elle avait fait saisir des propriétés d'un homme d'affaires après un différend au sujet d'une bague de 1,35 million de dollars qu'elle lui avait commandée avant de changer d'avis.

Avec AFP