"Panama papers": le président du Sénat nigérian à nouveau dans la tourmente

Le président du Sénat nigérian Bukola Saraki, troisième personnalité la plus importante du Nigeria

Le président du Sénat nigérian Bukola Saraki, jugé mardi pour corruption, a également été éclaboussé par le scandale des "Panama papers", sa riche épouse figurant dans la liste de personnes ayant dissimulé des fonds offshore.

M. Saraki, troisième personnalité la plus importante du Nigeria après le président Muhammadu Buhari et le vice-président Yemi Osinbajo, est accusé d'avoir dissimulé des biens acquis avec des fonds publics détournés quand il était gouverneur de l'Etat de Kwara (ouest) entre 2003 et 2011.

Son procès représente un test décisif dans la vaste campagne anti-corruption menée par M. Buhari, alors que M. Saraki nie l'ensemble des 13 chefs d'accusation.

En parallèle, le quotidien nigérian Premium Times, membre du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) qui a coordonné l'opération "Panama papers", révèle que Toyin Saraki, l'épouse de M. Saraki, fait partie de la longue liste des personnalités du monde entier ayant dissimulé des fonds offshore.

Or selon la loi nigériane, le président de la République, le vice-président, les gouverneurs et leurs adjoints doivent déclarer l'ensemble de leur fortune ainsi que celle de leur femme et de leurs enfants mineurs au moment de prendre leurs fonctions et au moment de quitter leur poste.

"La loi n'oblige pas les fonctionnaires à déclarer les biens que possède la famille de leur femme", maintient Yusuph Olaniyonu, le porte-parole de M. Saraki, dans un communiqué.

"Il est de notoriété publique que Mme Saraki provient d'une famille avec des moyens et une fortune indépendants, et des biens variés, acquis au fil des décennies, qu'il s'agisse de propriété familiales ou d'investissements" a-t-il ajouté.

M. Buhari a été élu il y a un an sur la promesse qu'il allait débarrasser la première puissance économique d'Afrique du "démon de la corruption". Un grand nombre de personnalités, dont de nombreux collaborateurs de l'ex-président Goodluck Jonathan, sont actuellement jugés.

"Cette nouvelle révélation sur la famille Saraki ne devrait être une surprise pour personne", estime le militant anti-corruption Debo Adeniran.

"Les agences nigérianes de lutte contre la corruption devraient travailler en collaboration avec l'étranger pour agir contre Saraki et l'obliger à répondre de ses actes", a-t-il déclaré à l'AFP, rappelant le cas de James Ibori, l'ancien gouverneur de l'Etat du Delta (sud), acquitté au Nigeria, où il était accusé de corruption, avant d'être emprisonné à Londres pour les mêmes chefs d'accusation.

Avec AFP