Opérations en Syrie : les tensions entre la Russie et la Turquie ne faiblissent pas

Vladimir Poutine, le 11 août 2014. (AP Photo/Alexei Druzhinin, RIA-Novosti, Presidential Press Service)

"Toute cible menaçant les unités russes ou nos infrastructures au sol sera détruite immédiatement", a dit Vladimir Poutine vendredi. La Turquie a de son côté appelé la Russie au "calme", et prévenu que sa patience avait "des limites".

Le président Vladimir Poutine a ordonné, vendredi 11 décembre, à l'armée russe de répondre avec une "extrême fermeté" à toute force qui la menacerait en Syrie, près de trois semaines après la destruction par l'aviation turque d'un bombardier russe près de la frontière syrienne.

"J'ordonne d'agir avec une extrême fermeté", a déclaré M. Poutine lors d'une réunion avec les responsables du ministère de la Défense. "Toute cible menaçant les unités russes ou nos infrastructures au sol sera détruite immédiatement."

"Il est important de coopérer avec tout gouvernement qui est réellement intéressé par l'élimination des terroristes", a-t-il toutefois poursuivi, citant comme exemple l'accord pour éviter les incidents dans le ciel syrien conclu avec la coalition internationale menée par les États-Unis.

La Russie avait déjà pris des mesures supplémentaires pour protéger ses avions en Syrie après le crash le 24 novembre d'un Su-24, abattu par l'aviation turque près de la frontière syrienne, une action qui a provoqué une grave crise dans les relations entre Moscou et Ankara.

Bombardiers russes protégés par des chasseurs

Les bombardiers russes effectuent ainsi désormais leurs missions en Syrie sous la protection de chasseurs. Des systèmes de DCA S-400 ont été déployés sur la base aérienne de Hmeimim, dans le nord-ouest de la Syrie. Le croiseur lance-missiles Moskva, navire-amiral de la flotte de la mer Noire, mouille également depuis l'incident au large de Lattaquié.

"Nous appelons la Russie, qui est un de nos partenaires commerciaux majeurs, au calme, mais nous disons aussi que notre patience a des limites", a déclaré de son côté le ministre des Affaires étrangères turc Mevlüt Cavusoglu sur la chaîne d'information turque NTV.

"Si nous n'avons pas engagé de représailles après ce que vous (la Russie) avez fait, ce n'est pas parce que nous avons peur ou que nous ressentons le moindre sentiment de culpabilité", a-t-il poursuivi.

La Turquie et la Russie traversent leur pire crise diplomatique depuis la Guerre froide, après qu'un avion militaire russe a été abattu le 24 novembre par l'armée turque. La guerre des mots entre les deux capitales n'a cessé de s'intensifier depuis ce grave incident, les Russes allant jusqu'à accuser le président turc Recep Tayyip Erdogan et son entourage d'acheter du pétrole à l'EI, des "calomnies" selon l'intéressé.

La Turquie n'a jusque-là pas répliqué sur ce terrain. Les navires militaires russes continuent par exemple de traverser les détroits des Dardanelles et du Bosphore et les citoyens russes peuvent toujours visiter la Turquie sans visas, même si Moscou les a réintroduits pour les Turcs à compter du 1er janvier prochain.

"Nous agissons avec patience afin de revenir à nos bonnes relations préalables", a assuré le chef de la diplomatie turque.

Avec AFP