Nouveau président à la Cour constitutionnelle de Guinée

Kelefa Sall à Conakry, Guinée, le 31 octobre 2015.

Huit conseillers de la Cour constitutionnelle de Guinée ont élu vendredi l'un des leurs à la tête de l'institution, en remplacement du neuvième, qu'ils avaient désavoué début septembre, Kéléfa Sall, notoirement en froid avec le chef de l'Etat Alpha Condé.

Les huit magistrats ont porté à la présidence de la Cour Mohamed Lamine Bangoura, jusqu'ici vice-président de la haute juridiction, malgré les manifestations de soutien à M. Sall organisées par l'opposition et des représentants de la société civile depuis une dizaine de jours.

Lors de la prestation de serment en décembre 2015 d'Alpha Condé, M. Sall l'avait mis en garde contre la tentation de toucher à la Constitution, alors que le chef de l'Etat, dont le second mandat s'achève en 2020, a souvent contesté la pertinence de la limitation du nombre de mandat en Afrique.

Les huit autres juges de la Cour ont affirmé avoir démis M. Sall de ses fonctions de président début septembre, expliquant qu'il avait "perdu toute légitimité et toute confiance de la Cour" et qu'il était dès lors en situation "d'empêchement".

"J'étais le seul candidat et par conséquent à l'unanimité, j'ai été élu président de la Cour constitutionnelle", a expliqué Mohamed Lamine Bangoura, en promettant de "restaurer la crédibilité de la Cour constitutionnelle".

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"La crise, nous la considérons comme étant le passé, nous repartons sur de nouvelles bases. Le cas de Kéléfa appartient au passé. Je n'en parle pas et je regarde l'avenir", a-t-il ajouté.

Ces dissensions au sein de la Cour constitutionnelle apparaissent au grand jour alors que les élections législatives, prévues en septembre ou octobre, "devraient être reportées" au début de l'année prochaine, selon une source du ministère de l'Intérieur.

Des gendarmes avaient dispersé jeudi à coups de matraque une manifestation de partisans de Kéléfa Sall, dont l'association Balai citoyen, qui appelle à une nouvelle manifestation lundi à Conakry, également soutenue par le principal parti de l'opposition.

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Interrogé par l'AFP, Kéléfa Sall s'est refusé à tout commentaire jusqu'à ce que les documents lui soient "signifiés".

Avec AFP