Niger : la Cédéao donne une semaine aux putschistes, manifestations pro-junte à Niamey

"Il n'est plus temps pour nous d'envoyer des signaux d'alarme, le temps est à l'action", a déclaré Bola Tinubu, le président négerian qui dirige la Cédéao.

Les pays d'Afrique de l'Ouest ont ordonnent un blocus économique du Niger, décidant la suspension "immédiate" de "toutes les transactions commerciales et financières" avec ce pays, et fixé un ultimatum d'une semaine pour restaurer l'ordre constitutionnel, n'excluant pas un "recours à la force".

Au même moment à Niamey, des milliers de manifestants soutenant les militaires putschistes ont convergé dans la matinée devant l'ambassade de France, dans laquelle certains ont voulu entrer, avant d'être dispersées par des grenades lacrymogènes.

Certains ont arraché une plaque affichant "Ambassade de France au Niger", avant de la piétiner et de la remplacer par des drapeaux russes et nigérien, a constaté un journaliste de l'AFP.

Ce rassemblement a été dénoncé par Paris, et le président français Emmanuel Macron a prévenu qu'il "ne tolèrera aucune attaque contre la France et ses intérêts" au Niger, tout en menaçant, en cas de violences, de "répliquer de manière immédiate et intraitable".

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Niger : le chef de la junte connu

La pression s'accroît chaque jour un peu plus sur le nouvel homme fort proclamé du Niger, le général putschiste Abdourahamane Tiani, chef de la garde présidentielle, à l'origine de la chute du président élu Mohamed Bazoum, séquestré depuis quatre jours.

Blocus économique

Le bloc ouest-africain (la Cédéao) l'Union Africaine, et les pays occidentaux, dont la France et les Etats-Unis, ne reconnaissent pas les "autorités" issues du putsch et demandent un retour à l'ordre constitutionnel.

Ainsi, un sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (dont le Niger est membre avec 14 autres pays) s'est tenu dimanche à Abuja, sous l'égide du président du Nigeria, Bola Tinubu, à la tête de l'institution régionale depuis le début du mois.

La Cédéao a exigé "la libération immédiate" du président Bazoum et le "retour complet à l'ordre constitutionnel", selon les résolutions lues à la fin du sommet.

Si ces demandes ne "sont pas satisfaites dans un délai d'une semaine", la Cédéao "prendra toutes les mesures nécessaires" et "ces mesures peuvent inclure l'usage de la force", selon ces résolutions.

L'organisation régionale a également décidé de "suspendre toutes les transactions commerciales et financières" entre ses Etats membres et le Niger.

Le pays sahélien de 20 millions d'habitants est l'un des plus pauvres du monde, en dépit de ses ressources en uranium.

D'autres sanctions financières ont été décidées, notamment "un gel des avoirs pour les responsables militaires impliqués dans la tentative de coup".

"le temps est à l'action "

"Il n'est plus temps pour nous d'envoyer des signaux d'alarme", a déclaré M. Tinubu, "le temps est à l'action".

Les pays de la Cédéao étaient représentés par leur dirigeant ou leur représentant, à l'exception du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso - suspendus depuis qu'ils sont eux aussi dirigés par des militaires putschistes.

Le dirigeant du Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno, dont le pays n'est pas membre de la Cédéao, mais qui est voisin du Niger, également puissance militaire au Sahel alliée de la France, a participé à ce sommet. Il est ensuite parti à Niamey, une "initiative tchadienne" pour "voir ce qu'il peut apporter au règlement de la crise", selon N'Djamena.

L'ex-président du Niger Mahamadou Issoufou a également annoncé dimanche qu'il s'employait à "trouver une sortie de crise négociée" pour faire "libérer" son successeur Mohamed Bazoum, et "le restaurer dans ses fonctions".

Samedi soir, la junte issue du putsch avait dénoncé le sommet de la Cédéao, y voyant la menace d'une "intervention militaire imminente à Niamey en collaboration avec les pays africains non membres de l'organisation et certains pays occidentaux".

Fin 2022, la Cédéao, réunie en sommet, avait décidé de créer une force régionale vouée à intervenir non seulement contre le jihadisme qui mine les pays du Sahel, mais aussi en cas de coup d'Etat, comme la région en a connu plusieurs depuis deux ans.

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