Madagascar : adoption d'un code de la presse controversé

Madagascar sur la carte du classement RSF sur la liberté de la presse.

Les députés malgaches ont adopté un nouveau code de la presse très controversé qui "marque un revers pour la démocratie et la liberté d'expression", a estimé vendredi Reporters sans frontières (RSF).

Le texte, voté "presque en catimini dans la nuit de jeudi à vendredi", fait "référence au code pénal pour statuer sur les délits de presse", ont dénoncé RSF et l'Union internationale de la presse francophone (UPF) dans un communiqué commun.

"Les journalistes seront potentiellement sujets à des peines d'emprisonnement", ont souligné les deux organisations.

Le texte prévoit, "dans des termes trop vagues pour être sécurisants, des peines d'amendes démesurées pour certains délits commis par voie de presse, notamment la diffamation. Certains articles de cette loi sont une atteinte fondamentale à la liberté de l'information. La disproportion des peines envoie un message tout à fait menaçant aux journalistes qui risquent de tomber dans l'autocensure", ont encore estimé RSF et UPF.

Depuis des semaines, des journalistes malgaches regroupés dans le "Mouvement pour la liberté d'expression" avaient engagé un bras de fer avec les parlementaires et le gouvernement pour dénoncer ce nouveau code de la communication.

"Le gouvernement a changé la proposition de loi convenue avec les journalistes et y a ajouté des dispositifs permettant de poursuivre les journalistes jusqu'à leur patrimoine personnel en cas d'infractions au code de la communication", a dénoncé l'un des membres du mouvement, Soava Andriamarotafika.

"Même si cette loi doit encore passer devant le sénat, ce n'est plus qu'une simple formalité", a-t-il déclaré à l'AFP.

"Dans cette loi, il y a une volonté indirecte ou tacite des autorités de limiter la liberté de presse et la liberté d'expression en général à Madagascar", a renchéri Joël Ralaivaohita, vice-président de l'association des journalistes travaillant sur internet. "Maintenant le ministre en personne peut fermer une station, alors que cela relevait auparavant de la compétence de la justice", a-t-il encore regretté.

Avec AFP