Les députés britanniques adoptent l'interdiction de l'importation des trophées de chasse

Des députés conservateurs britanniques tenant des sandwiches vides, manifestent le 16 novembre 1999 dans l'escalier d'honneur du Parlement européen de Strasbourg

Les députés britanniques ont adopté vendredi l'interdiction de l'importation des trophées de chasse, un texte salué par certains défenseurs de l'environnement mais qui pour d'autres risque d'avoir des effets contre-productifs.

"Oserais-je dire que Cecil, le lion, n'est pas mort en vain", a déclaré à la Chambre des Communes la voix étranglée par l'émotion, la secrétaire d'Etat à l'Environnement Trudy Harrison. Annoncé en décembre 2021, ce projet de loi avait émergé avec la mort du fauve, tué en 2015 par un dentiste américain dans une réserve du Zimbabwe, qui avait suscité l'indignation dans le monde entier.

Avant d'entrer en vigueur, le projet de loi britannique doit encore être examiné par la chambre haute du Parlement, celle des Lords. La chasse aux trophées, qui consiste pour de riches amateurs à payer jusqu'à plusieurs milliers de dollars pour tuer lions ou éléphants et repartir avec la tête de l'animal, sa peau ou encore des griffes ou des cornes, est controversée.

Certains défenseurs de la nature crient à la cruauté envers les animaux tandis que d'autres affirment que les revenus générés par ce sport de luxe financent la sauvegarde des espèces. Selon le Fonds mondial pour la nature (WWF), le nombre d'animaux vivant à l'état sauvage en Afrique a chuté de 66% depuis 1970. Mais la chasse aux trophées, lorsqu'elle est bien gérée, s'est révélée un "outil de préservation efficace", estime l'organisation.

Dans une lettre adressée au début du mois au ministre britannique du Développement, Andrew Mitchell, des dizaines de défenseurs de l'environnement et de chefs communautaires du Botswana, d'Angola, de Zambie et de Namibie ont réclamé l'abandon du projet de loi, qui aurait selon eux un impact négatif.

Chris Brown, directeur de la Chambre namibienne de l'Environnement (NCE), a récemment dénoncé auprès de l'AFP le texte britannique comme l'imposition d'un "mode de pensée très urbain et aseptisé" aux relents post-colonialistes. Au Royaume-Uni, le projet de loi a reçu le soutien de célébrités telles que le mannequin Kate Moss et le journaliste sportif et ex-footballeur Gary Lineker.