Le nouveau président du Malawi déjà critiqué pour ses nominations

Le président élu du Malawi, Lazarus Chakwera, reçoit une épée d'office en tant que commandant en chef des forces armées du Malawi lors de son inauguration au Kamuzu Baracks, au siège des forces de défense du Malawi, à Lilongwe, le 6 juillet 2020.

Le nouveau président du Malawi Lazarus Chakwera avait promis une gouvernance exemplaire, mais il a essuyé jeudi ses premières critiques sur ce thème après la présentation de son gouvernement, qui fait la part belle à ses proches.

A la tête du principal parti d'opposition, M. Chakwera a remporté l'élection présidentielle disputée le 23 juin avec 58,5% des suffrages, loin devant le chef de l'Etat sortant Peter Mutharika au pouvoir depuis 2014.

Ce scrutin a été organisé après l'annulation pour fraudes de la réélection de M. Mutharika l'an dernier.

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Sitôt investi, M. Chakwera s'est engagé à "nettoyer les ruines de la corruption (...) de la paresse (...) de l'impunité (...) ou de l'incompétence".

Mercredi soir, ses services ont dévoilé la liste complète des 31 membres de sa première équipe ministérielle, dans laquelle figure un couple, des frères et sœurs et une forte proportion de personnalités originaires de sa région.

"Un défenseur de la famille", a aussitôt ironisé jeudi le principal quotidien du pays, The Nation.

"La composition de ce gouvernement suscite de larges inquiétudes", a renchéri Luke Tembo, un responsable de la Coalition des défenseurs des droits humains (HRDC), qui a soutenu M. Chakwera dans la rue pour obtenir l'annulation de la présidentielle de 2019.

"Il y a d'abord la question du mari et de la femme, du frère et de la sœur nommés", a détaillé M. Tembo, "nous avons aussi noté que 70% des ministres sont originaires de la province centrale (...) du président".

Homme d'église, le président a désigné un pasteur, Dokani Ngwira, à la tête du service des renseignements, selon le quotidien Nyasa Times.

"Les Malawites ont le sentiment que certains postes n'ont pas été attribués au mérite mais au vu du soutien financier exprimé pendant la campagne", a renchéri une autre figure de la société civile, Mkotama Katenga-Kaunda.

"Du patronage politique", a résumé Danwood Chirwa, un professeur de droit de l'université sud-africaine du Cap.

Sollicité de toutes parts, le porte-parole du chef de l'Etat, Sean Kampondeni, a rétorqué que M. Chakwera "répondra bientôt à ces préoccupations".