Le président érythréen accuse l'étranger de fomenter l'exode de son peuple

Le président érythréen Issaias Afeworki à Khartoum , Soudan, le 12 novembre 2008.

Le président Issaias Afeworki parle du trafic d'êtres humains utilisé par les "ennemis" pour disperser et affaiblir le capital humain de son pays.

L'exode de la jeunesse érythréenne vers l'Europe est la conséquence d'une politique délibérée fomentée par les puissances étrangères pour affaiblir l'Érythrée, a affirmé son président Issaias Afeworki dans un discours prononcé mardi pour les 25 ans de l'indépendance du pays.

Selon l'ONU, environ 5.000 Érythréens quittent chaque mois leur pays en quête d'une vie meilleure, ce qui en fait un des plus importants contingents de migrants risquant le périlleux voyage jusqu'en Europe.

Le régime au pouvoir est notamment accusé de retenir dans ses geôles des milliers de prisonniers politiques et l'Érythrée est moins bien positionnée que la Corée du Nord dans le classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.

Mais selon le président Issaias Afeworki, un ancien rebelle marxiste de 70 ans, ces migrants quittent le pays car ils y sont encouragés.

"Les Érythréens constituant la plus grande menace historique pour nos ennemis, le trafic d'êtres humains a été utilisé pour disperser et affaiblir le capital humain du pays", a-t-il assuré, dans un discours publié mercredi par le ministère de l'Information.

"La priorité absolue a été donnée à cette politique, en accordant le droit d'asile aux Érythréens", a ajouté M. Afeworki, selon lequel "cette campagne a été officialisée avec la bénédiction du président américain".

Il a également affirmé que les ennemis de l'Érythrée "ont constamment recourt au sabotage économique, dans le but de créer la pauvreté et la famine" et soutenu que le quart de siècle d'autonomie du pays a été marqué par "une hostilité mûrement réfléchie contre la souveraineté et l'indépendance" du pays.

M. Afeworki a notamment critiqué les pays refusant d'accéder à sa demande que les expatriés érythréens versent à Asmara une taxe sur le revenu de 2% via les ambassades. Cette taxe est, avec les mines d'or, de zinc et de cuivre, une des seules sources de devises étrangères pour le pays.

"Washington utilise divers subterfuges afin de paralyser et détruire l'industrie minière et décourager les investissements internationaux et l'aide au développement", a dénoncé le président, soutenant en outre que son pays fait l'objet d'une "campagne de diabolisation médiatique".

Avec un revenu national brut de 480 dollars (430 euros) par habitant, l'Érythrée est un des pays les plus pauvres au monde, selon la Banque mondiale.

L'Érythrée s'est séparée de l'Éthiopie en 1991 après une guerre d'indépendance de 30 ans. Les rebelles érythréens avaient été menés à la victoire par Issaias Afeworki.

Dans son discours, le président n'a pas suggéré une quelconque intention de lâcher les rênes du pouvoir, ni d'organiser des élections dans ce pays de la mer Rouge. "Victoire aux masses!", a-t-il conclu.

Avec AFP