Le Malawi va détruire 16.000 vaccins contre le Covid-19 qui ont expiré

Des personnes attendent de recevoir le vaccin AstraZeneca contre le COVID-19 au centre de santé de Ndirande à Blantyre au Malawi, le 29 mars 2021.

"Je veux voir les réactions des premiers vaccinés avant d'y aller moi", confie un habitant de Lilongwe, la capitale.

Plus de 16.000 doses de vaccin ont atteint leur date de péremption et vont être détruits au Malawi, après être arrivés dans le petit pays pauvre d'Afrique australe il y a trois semaines, a-t-on appris mercredi auprès du ministre de la Santé.

Sur ce lot de 102.000 doses envoyées par l'Union africaine (UA), quelque 16.400 n'ont pas été utilisées et ont expiré mardi, a précisé à l'AFP Charles Mwansambo.

Sur le total de 530.000 doses reçues dans le pays via le programme Covax, le gouvernement indien et l'UA, toutes du vaccin AstraZeneca, 46% ont été utilisées à ce jour, a-t-il avancé.

Lire aussi : Malawi: les aides Covid arrivent enfin, avec près d'un an de retard

"Nous avons utilisé la plupart des vaccins envoyés par l'UA. Mardi, à leur date d'expiration, il en restait seulement 16.400 qui n'avaient pas servi, qui vont maintenant être détruits et jetés", a-t-il déclaré à l'AFP.

Depuis les premières vaccinations en mars, le Malawi a seulement vacciné 300.000 personnes sur les 11 millions ciblés, soit un objectif de quelque 60% de la population "pour être suffisamment protégés", selon le ministre.

Chipiliro Chilinjala, 30 ans, croisé dans un restaurant de la capitale, traîne des pieds: "Je prends mon temps, beaucoup d'histoires étranges circulent. Je veux voir les réactions des premiers vaccinés avant d'y aller moi", confie-t-il à l'AFP.

Le sociologue Innocent Komwa confirme que l'apathie à se faire vacciner découle vraisemblablement de la force des théories du complot et de la désinformation: "Au Malawi, on a beaucoup d'adultes qui restent bloqués dans la phase contemplative, qui auraient besoin d'un petit coup de pouce pour se décider", dit-il.

"Malheureusement, le gouvernement et les responsables de santé n'ont pas fait grand-chose pour contrer les fausses nouvelles, les rumeurs, en particulier autour de l'AstraZeneca en Europe", regrette-t-il auprès de l'AFP.

L'immunologiste Gama Bandawe redoute l'impact de ces retards quand la pandémie va reprendre des forces, sans doute en milieu d'année, estime-t-il. "On s'attend à des pics lors des six à huit prochaines semaines. Nous allons nous retrouver dans une situation où nous aurions vraiment pu utiliser ces vaccins".