La Tunisie nie la présence de bases américaines sur son territoire

La Tunisie a démenti avoir permis à Washington d'utiliser son territoire pour déployer des drones en Libye, en réaction à des informations de presse aux Etats-Unis.

"Dans le cadre de la coopération bilatérale tuniso-américaine, nous avons acquis des drones pour former nos militaires à utiliser cette technologie et pour le contrôle de nos frontières sud-est avec la Libye, afin de détecter tout mouvement suspect", a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère de la Défense, Belhassen Oueslati.

Mais "le territoire tunisien n'a pas et ne sera jamais utilisé pour frapper des cibles en Libye. Les drones sont utilisés par des Tunisiens et par personne d'autre", a-t-il assuré.

M. Oueslati réagissait à un article du Washington Post, d'après lequel les Etats-Unis ont "secrètement étendu leur réseau mondial de bases de drones à l'Afrique du Nord, déployant des appareils sans pilote et du personnel militaire américain dans une structure en Tunisie pour mener des missions espionnes en Libye voisine".

D'après le quotidien, les drones ont commencé à décoller de la base tunisienne fin juin et "ont joué un rôle-clé dans une vaste offensive aérienne américaine contre un fief de l'Etat islamique" en Libye.

Le ministère tunisien de la Défense a précisé que dans le cadre d'un partenariat tuniso-américain pour la lutte antiterroriste, "des militaires américains forment des membres de l'armée tunisienne à l'utilisation d'outils développés et de systèmes de contrôle à la frontière".

"Nous sommes parmi les rares premiers pays qui étaient contre une intervention militaire étrangère en Libye et ce n'est pas aujourd'hui que nous allons instaurer une base (militaire) étrangère en Tunisie", a déclaré jeudi le ministre Farhat Horchani sur les ondes de la radio privée Mosaïque FM.

Il a souligné que la Tunisie était un Etat souverain et affirmé que le temps des bases militaires est révolu. "Nous n'avons et n'aurons pas en Tunisie de base militaire étrangère", a-t-il ajouté.

Sans démentir le fait que des drones américains puissent s'être envolés à partir de la Tunisie, un haut responsable américain a de son côté indiqué à l'AFP que "pour être clair, il n'y a pas de bases américaines en Tunisie".

"Des membres des services américains travaillent avec les forces de sécurité antiterroristes tunisiennes et partagent du renseignement provenant de plusieurs sources, y compris de plateformes aériennes non armées", a indiqué à l'AFP le colonel Mark R. Cheadle, porte-parole d'Africom.

"La Tunisie est un proche partenaire des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme" qui a "demandé du matériel militaire supplémentaire et des formations à Washington" après les sanglantes attaques jihadistes en 2015, et "les Etats-Unis ont fourni plus de 250 millions de dollars en assistance en matière de sécurité", a-t-il souligné.

La Tunisie, qui fait face depuis la révolution de 2011 à l'essor de la mouvance jihadiste, responsable d'attentats meurtriers, évoque régulièrement le "danger" que pose le chaos en Libye où s'est implanté le groupe Etat islamique fin 2014.

Avec AFP