Kabila nomme l'opposant Bruno Tshibala Premier ministre de la RDC

Le président Joseph Kabila prononce un discours devant le Congrès au Palais du Peuple à Kinshasa, RDC, 5 avril 2017.

Le président congolais Joseph Kabila a nommé vendredi l'opposant Bruno Tshibala Premier ministre, selon une ordonnance présidentielle lue à la télévision nationale.

La nomination de M. Tshibala, âgé de 61 ans, découle d'un accord conclu le 31 décembre entre l'opposition et la majorité pour tenter de sortir la République démocratique du Congo de la crise provoquée par le maintien au pouvoir de M. Kabila après le 20 décembre, date à laquelle a expiré son deuxième et dernier mandat constitutionnel.

Porte-parole du "Rassemblement" constitué autour de la figure historique de l'opposition congolaise Étienne Tshisekedi, M. Tshibala a contesté la légitimité du fils de Tshisekedi, Félix, à la tête de l'opposition après la mort de son père le 1er février et a été exclu fin février du Rassemblement et de l'UDPS, le parti fondé par Tshisekedi, dont il était l'un des principaux dirigeants.

La mise en oeuvre de l'accord de la Saint-Sylvestre a été beaucoup plus longue que ne l'espéraient les évêques catholiques congolais ayant permis son accouchement : la nomination d'un Premier ministre issu de l'opposition aurait en effet dû intervenir dans le courant du mois de janvier, selon le programme d'application de l'accord proposé par les prélats.

Entre-temps, des disputes entre le pouvoir et l'opposition sur le partage des postes au sein du nouvel exécutif et les modalités d'application de l'accord, compliquées par de profondes dissensions au sein du Rassemblement, ont retardé les choses provoquant le courroux de l'Église qui a dénoncé à plusieurs reprises "la mauvaise foi" des hommes politiques congolais, toutes tendances confondues, leur reprochant de privilégier leurs intérêts particuliers et non l'intérêt général.

Aux termes de l'accord de la Saint-Sylvestre, l'opposition s'est accommodée du maintien au pouvoir de M. Kabila en échange de la promesse d'une présidentielle avant la fin de l'année 2017. Après plus de trois mois de tergiversations, la tenue de cette élection dans le délai prévu par l'accord apparaît hautement incertaine.