Jean Ping menacé de poursuites pour avoir parlé de "cafards" dans le contexte de la présidentielle au Gabon

Jean Ping, président de la commission de l'Union africaine, donne une conférence de presse à Paris, le 24 mars 2011.

Le gouvernement gabonais a dénoncé les propos de l'opposant Jean Ping, candidat à la présidentielle de 2016, selon lesquels il voulait "se débarrasser des cafards" et l'a menacé de le poursuivre en justice.

Dans un extrait vidéo datant de mars, qui a créé une large polémique dans la presse gabonaise, et relayé il y a quelques jours par la télévision nationale (proche du pouvoir), l'opposant lance: "Quand on s'en va dans une bataille comme celle-là (ndlr: la présidentielle), on va au cimetière, on dit aux morts 'On s'en va à la guerre, levez-vous et accompagnez-nous!'"

"Il s'agit d'une véritable expédition pour nous débarrasser des cafards", a-t-il poursuivi.

Les partisans de M. Ping, ancien président de la Commission de l'Union africaine, ont qualifié la vidéo, tournée lors d'une rencontre en province avec des villageois, de "montage grossier".

Pour le gouvernement, M. Ping "appelle clairement à la guerre civile et à l'élimination d'une partie de la population gabonaise, qualifiée de cafards".

"M. Ping emploie des termes guerriers (...) Ce sont des termes sans équivoque, qui rappellent certaines tragédies de l'histoire de l'humanité", précise le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication, Alain-Claude Bilie By Nzé, qui n'hésite pas à rapprocher ces propos à Hitler et au génocide rwandais.

"Adolf Hitler traita les Juifs de cafards (...) Plus près de nous, au coeur de l'Afrique centrale, des extrémistes hutu insultèrent les Tutsi de cafards: il y eut le génocide rwandais".

Le gouvernement "condamne avec la plus grande fermeté" ces propos, qui "sont l'expression d'une violence verbale sans précédent dans notre pays".

"Ces propos prouvent également les limites d'une opposition en manque de projets et de crédibilité, qui n'a que la guerre et le chaos à proposer aux populations gabonaises", a ajouté le porte-parole, précisant que le gouvernement "explore toutes les voies de droit pour donner une suite judiciaire à ces propos".

L'élection présidentielle, qui doit avoir lieu entre août et octobre, opposera le président sortant Ali Bongo Ondimba, candidat à un deuxième mandat, à plusieurs personnalités de l'opposition comme Jean Ping, l'ex-président de l'Assemblée nationale, Guy Nzouba Ndama, ou l'ex-Premier ministre Raymond Ndong Sima.

Avec AFP