Les députés votent la destitution du président du Parlement en Irak

Le président du Parlement irakien Salim al-Jabouri, au centre, parle aux journalistes lors d'une conférence de presse à Bagdad, en Irak, le 13 Avril 2016. (AP Photo/Karim Kadim)

Les députés irakiens ont voté la destitution de Salim al-Joubouri et de ses deux adjoints. sur fond de graves différends sur la formation d'un nouveau gouvernement.

Ce vote intervient alors que le Parlement devait se pencher jeudi sur une liste de ministres pour un nouveau gouvernement qui doit mener à bien des réformes, poursuivre le difficile combat contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) et tenter de sortir le pays d'une grave crise financière.

M. Joubouri, qui n'était pas présent lors de la séance comme ses adjoints, a contesté le résultat du vote, affirmant que le quorum requis de 165 élus n'avait pas été atteint.

La session qui s'est tenue "en l'absence de la présidence du Parlement est inconstitutionnelle et n'a pas réuni le quorum nécessaire", indique-t-il dans un communiqué.

Mais Niyazi Oglu, le responsable chargé de compter les députés, a lui affirmé que 173 personnes avaient assisté au vote, alors que deux autres députés ont donné le chiffre de 170 présents.

Le Premier ministre Haider al-Abadi souhaite depuis des semaines remplacer le gouvernement actuel, formé de politiciens, par un cabinet composé de technocrates qui seraient plus à mêmes, selon lui, de mettre en oeuvre les réformes anticorruption.

Il se heurte toutefois à une farouche résistance des partis --y compris du sien-- à adopter des réformes les privant de leurs postes au gouvernement, et de leurs privilèges en général.

Les députés irakiens se sont insultés et jeté des bouteilles d'eau mercredi au cours d'une séance d'urgence au Parlement consacrée aux blocages sur la nomination d'un nouveau gouvernement.

Pour soutenir M. Abadi, plusieurs dizaines de députés ont observé un sit-in au Parlement dans la nuit de mardi à mercredi, alors qu'un nouveau vote était prévu jeudi sur la liste du gouvernement.

Le Premier ministre avait présenté le 31 mars au Parlement une liste de 13 candidats qui avait été rejetée. Mais les puissants blocs politiques ont par la suite proposé leurs propres candidats, remplaçant sur une nouvelle liste la plupart des noms suggérés par M. Abadi.

Les députés soutenant M. Abadi dénoncent le système de distribution des postes au gouvernement sur la base des affiliations politiques plutôt que des compétences, un système qui a notamment transformé les ministères en fiefs partisans.

Des réformes anticorruption avaient été adoptées en 2015 dans la foulée de grandes manifestations populaires contre l'incurie et clientélisme de la classe politique, mais elles étaient restées largement lettre morte.

Avec AFP