Guinée: marche et "journée sans presse" en mémoire d'un journaliste tué dans des heurts politiques

Des policiers à un point de contrôle à Conakry, lors de la présidentielle en Guinée, le 11 octobre 2015. (AP Photo/Youssouf Bah)

Des centaines de personnes ont marché lundi à Conakry en mémoire d'un journaliste tué dans des heurts politiques la semaine dernière, évènement en raison duquel cinq associations de professionnels des médias ont appelé à observer mardi une "journée sans presse" en Guinée.

La marche, qui a rassemblé environ 300 journalistes, représentants de la société civile et simples citoyens, s'est déroulée sans violences pendant près de quatre heures et a pris fin devant le siège du ministère de la Justice, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les manifestants ont réclamé justice pour El Hadj Mohamed Diallo, collaborateur des médias privés Guinée7 et L'Indépendant, tué le 5 février dans des heurts liés à l'exclusion d'un responsable de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), principal parti de l'opposition.

Selon sa famille, M. Diallo, qui était marié et père d'une petite fille, a été inhumé dimanche dans un quartier de la commune de Ratoma (banlieue de Conakry).

En sa mémoire, cinq associations de la presse en Guinée ont demandé à "tous les médias guinéens d'observer une journée sans presse le mardi 9 février de 06H00 à 22H00", dans un communiqué commun reçu par l'AFP.

"Pour la télévision et la radio d'Etat, il y aura un service minimum mais pas d'information" mardi, a précisé à l'AFP Amadou Tham Camara, président de l'Association guinéenne de la presse en ligne (Aguipel), qui fait partie des signataires du texte.

Durant leur trajet, les marcheurs ont notamment scandé: "Un mort de plus, un mort de trop !", "Justice, justice !", "Plus jamais ça !". Certains portaient une banderole sur laquelle on pouvait lire : "Nous réclamons justice pour la victime, la veuve et l'orpheline".

"Nous exigeons que toute la lumière soit faite dans cette affaire, que les auteurs soient démasqués, poursuivis devant les tribunaux et punis à la hauteur de leur forfaiture", a déclaré une porte-parole des marcheurs, Mame Fatoumata Diallo, devant le ministre de la Justice Cheick Sako.

Le ministre Sako a rappelé que, sur son instruction, une information judiciaire "contre X pour homicide volontaire" a été ouverte peu après le décès du journaliste, assurant que "ce crime ne restera pas impuni".

"Nous avons reçu dès vendredi soir le rapport de la gendarmerie, les auditions ont commencé", a-t-il affirmé.

Selon lui, Amadou Oury Bah, exclu par l'UFDG dont il était le vice-président, a été entendu dès le 5 février. Cellou Dalein Diallo, chef de l'UFDG, l'a été dimanche. M. Sacko n'a pas fourni de détails sur ces auditions, ni indiqué si elles ont concerné d'autres personnes.

Avec AFP