L'Ethiopie, deuxième pays le plus peuplé d'Afrique

Des musulmans chantent après avoir participé à l'Eid al-Fitr pour célèbrer la fin du ramadan à Addis Ababa, Ethiopie, le 6 juillet 2016.

L’Ethiopie, dans l'attente d'un nouveau Premier ministre depuis la démission surprise d'Hailemariam Desalegn et l'instauration de l'état d'urgence mi-février, est le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, miné par des tensions ethniques et en proie à une contestation antigouvernementale depuis fin 2015.

L’Ethiopie est considérée comme l'un des berceaux de l'humanité, célèbre pour la découverte en 1974 des ossements de l'australopithèque Lucy (environ 3,2 millions d'années).

Ce pays est l'un des très rares en Afrique à n'avoir pas été colonisé, excepté une brève période d'occupation italienne (1935-1941).

En 1930, Haïlé Sélassié devient empereur. En 1974, il est déposé par l'armée. Le colonel Mengistu Haïlé Mariam, principal animateur de la révolution d'inspiration marxiste, prend le pouvoir trois ans plus tard.

En 1991, Mengistu est renversé par le Front populaire de libération du Tigré, allié au Front populaire de libération de l’Erythrée.

En 1993, l’Erythrée, ancienne province du Nord, accède à l'indépendance après trente ans de guerre contre le pouvoir central.

80 ethnies

Avec une population d'environ 102 millions d'habitants en 2016 (Banque mondiale), l’Éthiopie compte plus de 80 ethnies. Environ 60% de la population est chrétienne (essentiellement orthodoxe), plus de 30% musulmane.

Le pays est divisé en neuf régions administratives selon un système dit de "fédéralisme ethnique", accusé d'exacerber les sentiments d'appartenance et d'"ethniciser" d'anciens différends fonciers.

Les échanges maritimes de ce pays enclavé depuis l'indépendance de l'Erythrée transitent par son voisin Djibouti.

L'Union africaine (UA) a son siège à Addis Abeba.

Incertitude politique

L’Ethiopie est plongée dans une forte incertitude politique depuis la démission surprise le 15 février du Premier ministre Hailamariam Desalegn, suivie le lendemain de l'instauration d'un état d'urgence pour six mois.

Depuis la fin 2015, le pays connaît une forte contestation, née en région Oromo (sud et ouest), l'ethnie la plus importante. Le mouvement s'est étendu en 2016 à d'autres régions, dont celle des Amhara (nord). La répression a fait au moins 940 morts selon la Commission éthiopienne des droits de l'Homme, liée au gouvernement.

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Un calme relatif était revenu après l'imposition d'un premier état d'urgence (octobre 2016 à août 2017) et des milliers d'arrestations.

Les manifestations exprimaient une frustration des Oromo et des Amhara (environ 60% de la population), qui dénoncent une sur-représentation de la minorité des Tigréens dans la coalition au pouvoir.

Elles protestaient aussi contre une limitation des libertés individuelles et un déséquilibre dans le partage des richesses.

Des affrontements entre membres des ethnies Oromo et Somali ont fait par ailleurs un million de déplacés en 2017.

Pays pauvre malgré une économie dynamique

L’Ethiopie affiche la plus forte croissance de la région, 10,5% en moyenne entre 2005/06 et 2015/2016, mais reste un des pays les plus pauvres avec un revenu par habitant de 660 dollars (Banque mondiale).

Ce pays essentiellement agricole ambitionne de devenir une puissance manufacturière, avec une politique d'investissements axée sur les grands travaux et l'immobilier. Beaucoup de projets sont financés par des fonds chinois.

Ces deux dernières décennies, l’Ethiopie a multiplié par quatre le taux de scolarisation en primaire, divisé par deux la mortalité infantile et doublé l'accès à l'eau potable.

Environ 1,2 million d’Ethiopiens vivent avec le virus du Sida, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La prévalence du virus dans la population est de 2,4%, mais ce taux est significativement plus élevé dans la capitale Addis Abeba, où la prostitution est répandue.

Sécheresse

L’Ethiopie s'achemine vers sa quatrième année consécutive de sécheresse, qui affecte notamment les éleveurs nomades.

L'intervention du gouvernement et d'ONG étrangères a permis d'éviter la répétition des famines des années 1970 et 1980, qui avaient tué des centaines de milliers de personnes.

Avec AFP