Grâce au vote noir, Hillary Clinton espère une démonstration de force samedi

La candidate démocrate Hillary Clinton prend des photos avec des supporters après un événement de campagne à l'église baptiste Centrale de Columbia, Caroline du Sud, le 23 février 2016.

Dans les églises, les cafés et les universités, Hillary, Bill et Chelsea Clinton sillonnaient vendredi la Caroline du Sud qui votera samedi aux primaires pour la présidentielle de novembre, en espérant que les démocrates noirs l'aideront à consolider son avance sur Bernie Sanders.

Environ la moitié des votants de la primaire de 2008 étaient noirs dans cet Etat de la côte Atlantique et, selon les derniers sondages, ils soutiennent majoritairement Hillary Clinton, qui est ainsi la favorite du scrutin de samedi. Une victoire serait la troisième sur quatre consultations organisées depuis le 1er février, et la propulserait dans les 11 Etats qui voteront mardi.

La candidate est passée par deux églises noires jeudi et a fini sa journée à un concert de soutien du chanteur Charlie Wilson, se laissant même aller à un semblant de danse sur scène. Sa fille Chelsea, enceinte de son deuxième enfant, était vendredi à l'université de Charleston pour marteler le message que sa mère était une "combattante".

"Elle battra les républicains en novembre", a-t-elle dit. Admettant que les républicains conserveraient sans doute la majorité à la chambre basse du Congrès en novembre, elle a insisté: "Nous avons besoin d'une présidente qui sait se défendre, mais qui sait aussi trouver un terrain d'entente".

La candidate était plus loin dans Charleston pour des séances de selfies et photos. "J'adore avoir des hommes à mes pieds", a-t-elle plaisanté dans un café où un futur marié buvait des Bloody Marys avec dix de ses amis.

Bernie Sanders? "On ne sait pas grand chose sur lui", dit Olivia Brown, 26 ans, employée d'une société d'assurance locale, venue voir la démocrate à une réunion publique à North Charleston jeudi. "Hillary a la stature d'une présidente", insiste-t-elle.

Son discours se construit autour de la métaphore des "barrières" qui empêchent selon elle les minorités de prospérer dans la société américaine. Elle évoque notamment le coût des études supérieures, et le besoin de réduire les disparités entre les peines infligées aux jeunes délinquants noirs et blancs.

"Il y a encore tant de barrières, des barrières économiques, sur la santé, l'éducation. Et nous devons dire honnêtement que le racisme systémique reste un problème en Amérique", a déclaré Hillary Clinton, 68 ans, devant un millier de personnes jeudi dans l'annexe d'une église baptiste de North Charleston.

A quelques kilomètres de là, un homme avait assassiné en juin dernier neuf fidèles dans une église noire. A son meeting, Hillary Clinton a taclé Bernie Sanders en l'accusant d'avoir voté autrefois pour une faille dans la loi qui a permis au tueur d'acquérir son arme à feu.

- 'Super mardi' -

Bernie Sanders, 74 ans, reviendra vendredi en Caroline du Sud mais, conscient de ses faibles chances, il a investi moins de temps dans l'Etat, au profit de ceux qui voteront en mars, comme l'Ohio ou le Minnesota. 45% des délégués seront distribués en mars, contre environ 2% à ce jour.

Le sénateur du Vermont parie sur une course serrée et prolongée, peut-être jusqu'aux derniers scrutins de mai et juin.

"Il y a des dizaines et des dizaines et des dizaines d'Etats qui voteront ensuite", a-t-il souligné mercredi en conférence de presse. "Dans certains, nous gagnerons et peut-être avec une grande avance. Dans d'autres, nous perdrons".

Depuis son entrée en lice l'an dernier, il a rattrapé une partie de son retard de notoriété chez les minorités. Des personnalités noires le soutiennent, comme le réalisateur Spike Lee ou le rapper Killer Mike.

Les sondages réalisés jusqu'à la semaine dernière donnaient une avance indiscutable à Hillary Clinton en Caroline du Sud: 56% des intentions de vote selon une enquête Fox News, contre 28% pour Bernie Sanders. Les données sont moins précises pour les Etats du "super mardi". Hillary Clinton mène dans la plupart, mais le sénateur a une avance dans le Massachusetts et le Vermont, son bastion.

Plusieurs polémiques empoisonnent encore la campagne d'Hillary Clinton. Elle refuse de publier le texte des discours rémunérés qu'elle a prononcés pour la banque d'affaires Goldman Sachs avant d'être candidate à la Maison Blanche. Elle pose comme condition que les candidats républicains fassent de même.

Et le FBI enquête sur le serveur de messagerie privée qu'elle a utilisé pendant ses quatre ans comme secrétaire d'Etat. "Ca ne m'inquiète pas, je pense que ce sera résolu", a-t-elle affirmé dans une interview à la chaîne MSNBC diffusée vendredi.

Avec AFP