Désolation à Ghazni après l'assaut taliban en Afghanistan

Les forces de sécurité afghanes patrouillent le long d'une route dans la ville de Ghazni, Afghanistan, le 14 août 2018,

Penchés sur des cercueils en quête de leurs proches ou circulant avec peine parmi les bâtiments incendiés, les habitants de Ghazni, en Afghanistan, découvraient mercredi la désolation laissée par six jours de combats entre l'armée et les talibans pour le contrôle de leur ville.

Les combats semblaient avoir cessé mercredi à Ghazni, ville stratégique située à deux heures de route de Kaboul et capitale de la province du même nom.

L'assaut taliban avait commencé jeudi soir et les réseaux de télécommunications étaient quasi coupés depuis. De nombreux habitants ont fui la ville au cours de la semaine écoulée, notamment pour se réfugier à Kaboul.

Ceux qui sont restés ont dû se cacher dans les sous-sols de leurs maisons alors que les combats faisaient rage autour d'eux et que l'eau et la nourriture commençaient à manquer.

Avec l'arrêt des combats mercredi, certains ont commencé à sortir en quête de nouvelles de leurs proches et de ravitaillement.

Une petite foule de femmes et de soldats était rassemblée devant l'hôpital principal de Ghazni, inspectant les corps disposés dans des cercueils de bois devant l'entrée. Les dépouilles de membres de forces de l'ordre, de combattants talibans et de civils y apparaissaient mêlés.

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Equipés de masques à gaz ou de simples mouchoirs, des personnes soulevaient des coins de linceuls pour tenter d'identifier des proches.

"Nous demandons au gouvernement de transporter les corps rassemblés à l'hôpital provincial. Les gens souffrent de l'odeur des corps", a déclaré un habitant.

D'autres profitaient du rétablissement partiel des télécommunications pour tenter frénétiquement de joindre leur famille pour la première fois depuis plusieurs jours.

"Depuis ce matin j'ai reçu environ une centaine d'appels d'amis, de proches et de collègues me demandant si j'étais en vie", a témoigné un habitant se présentant sous le nom d'Abdul.

"Aujourd'hui pour la première fois quelqu'un de l'hôpital m'a appelé pour m'informer que mon cousin était blessé", a indiqué un autre, Zargham, courant vers le bâtiment après de longues journées d'incertitude.

- Tas de cendres -

Mais les informations en provenance de la ville demeurent partielles et difficiles à vérifier.

Le représentant spécial de l'ONU en Afghanistan Tadamichi Yamamoto a dénoncé la "souffrance extrême" infligée aux civils pris au piège des combats.

"Des estimations non confirmées font état d'un bilan de 110 à 150 victimes civiles. Selon des informations fiables, l'hôpital public de Ghazni est débordé par un afflux continu de blessés", a-t-il ajouté.

Lundi, le ministre de la Défense Tariq Shah Bahrami avait annoncé qu'au moins 100 membres des forces de sécurité avaient été tués dans la bataille, ainsi que 20 à 30 civils. Les forces américaines ont évoqué des centaines de talibans tués.

"Nous avons reçu environ 100 corps, dont la plupart étaient des forces de l'ordre et des policiers, mais il y avait aussi quelques civils parmi eux", a déclaré Abdul Basir Ramaki, directeur de l'hôpital provincial de Ghazni.

Outre la population, les infrastructures de la ville ont elles aussi souffert. Un marché a été entièrement détruit, ses boutiques et échoppes réduites en cendres pendant les combats.

Des commerçants, un foulard noué autour de la bouche, balayaient mercredi les tas de cendres laissés par leurs marchandises carbonisées, cherchant de rares objets à sauver du désastre.

"Tout le monde est touché financièrement", a déclaré l'un d'entre eux. "Nous n'avons plus grand chose ici".

Avec AFP